Au 21ème jour de la guerre entre Israël et le Liban, un tournant stratégique semble s’opérer. Selon des sources proches du dossier, l’armée israélienne aurait mené une série d’intenses bombardements aériens ciblant spécifiquement les infrastructures financières du Hezbollah, le puissant mouvement chiite libanais.
300 frappes en 24h, dont un mystérieux bunker
D’après un communiqué de Tsahal, les forces israéliennes auraient réalisé pas moins de 300 frappes contre des cibles du Hezbollah en l’espace de 24 heures. Parmi elles, un bunker situé dans la banlieue sud de Beyrouth, qui abriterait selon les renseignements israéliens « des dizaines de millions de dollars » appartenant à l’organisation paramilitaire. Une information qui n’a pu être vérifiée de source indépendante à l’heure actuelle.
Al-Qard al-Hassan, la banque du Hezbollah visée
Mais les frappes ne se sont pas limitées à ce mystérieux bunker. Tsahal affirme également avoir touché près de 30 cibles liées à Al-Qard al-Hassan, une institution financière enregistrée comme organisation à but non lucratif, mais qui serait en réalité le bras financier du Hezbollah. Selon des experts de la région, ce réseau d’associations, d’écoles et d’hôpitaux permet au mouvement chiite de financer ses activités dans ses bastions du Sud-Liban, de l’est du pays et de la banlieue sud de Beyrouth.
Ces frappes de précision visent les intérêts financiers du Hezbollah.
Un porte-parole de l’armée israélienne
L’ONU condamne les dégâts aux infrastructures civiles
Mais cette nouvelle stratégie ne fait pas l’unanimité. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a fermement condamné « les dégâts considérables aux installations civiles » causés par les raids ayant visé Al-Qard al-Hassan. Selon le ministère libanais de la Santé, ces frappes auraient fait 6 morts, dont un enfant, et 4 secouristes liés au Hezbollah à Baalbeck, dans l’est du pays.
Israël veut asphyxier le Hezbollah
Pour de nombreux analystes, ce changement de cibles démontre la volonté d’Israël d’asphyxier financièrement le Hezbollah, plutôt que de se limiter à des objectifs militaires. En s’attaquant à ses sources de financement, Tsahal espère affaiblir durablement les capacités de nuisance de l’organisation, classée terroriste par de nombreux pays occidentaux.
Mais cette escalade fait craindre un embrasement encore plus large du conflit, déjà meurtrier. Depuis le début des hostilités il y a trois semaines, plusieurs centaines de personnes auraient péri dans les affrontements et les bombardements de part et d’autre de la frontière. Et malgré les appels au cessez-le-feu de la communauté internationale, aucune issue diplomatique ne semble se profiler à court terme. Le Liban, déjà plongé dans une profonde crise économique et politique, se retrouve une nouvelle fois pris en étau dans le conflit israélo-iranien par procuration qui déchire la région depuis des décennies.
Un risque d’escalade régionale
Au-delà des frontières libanaises, c’est tout le Moyen-Orient qui retient son souffle. Téhéran, principal soutien du Hezbollah, a promis une réponse « dévastatrice » en cas de nouvelles frappes israéliennes. Une menace prise très au sérieux par l’état hébreu, qui a renforcé ses défenses antimissiles et appelé ses réservistes.
De son côté, le mouvement chiite libanais jure de poursuivre « la résistance » malgré les coups portés à ses finances. Dans un discours télévisé, son secrétaire général Hassan Nasrallah a promis « des surprises » si le conflit venait à s’enliser. Une perspective qui fait frémir bien au-delà des frontières du Liban et d’Israël.