Les violences transfrontalières entre le Hezbollah et Israël ont causé des dégâts considérables à l’économie libanaise déjà mise à mal par une crise sans précédent. Selon un rapport de la Banque mondiale publié jeudi, le Liban a subi des “pertes économiques” de plus de cinq milliards de dollars en un an de conflit. Un coup dur qui vient s’ajouter à plusieurs années de forte récession.
Près de 100 000 logements endommagés
D’après les estimations de la Banque mondiale, environ 99 209 logements ont été touchés par les affrontements, dont 18% sont “totalement détruits”. Les dommages sont chiffrés à 3,4 milliards de dollars. La grande majorité (81%) de ces habitations endommagées se trouvent dans le sud du Liban, région frontalière avec Israël et fief du Hezbollah.
L’escalade des tensions
Le conflit a éclaté le 8 octobre 2023, au lendemain d’une attaque sans précédent du Hamas palestinien contre Israël. En soutien à ce mouvement, le Hezbollah libanais a alors ouvert un nouveau front en tirant quotidiennement des roquettes et des drones sur le nord d’Israël depuis ses positions dans le sud du Liban. L’armée israélienne a riposté par des bombardements visant principalement les bastions du Hezbollah.
Israël concentre ses frappes sur le Liban
Après avoir affaibli le Hamas dans la bande de Gaza par une campagne de bombardements intensifs en représailles à l’attaque du 7 octobre, Israël a recentré à partir du 23 septembre ses raids dévastateurs sur les fiefs du Hezbollah au Liban. Des frappes meurtrières ont notamment visé la banlieue sud de Beyrouth, proche de l’aéroport, ainsi que la ville de Baalbeck dans l’est, faisant au moins trois morts selon le ministère libanais de la Santé.
L’économie libanaise durement touchée
Sur la période allant du 8 octobre 2023 au 27 octobre 2024 principalement étudiée par la Banque mondiale, le conflit entre Israël et le Hezbollah a généré des pertes économiques de 5,1 milliards de dollars, essentiellement dans les secteurs du commerce, du tourisme, de l’hôtellerie et de l’agriculture. La croissance du PIB réel en 2024 a été amputée d’au moins 6,6%.
Entre la crise économique et les répercussions du conflit actuel, le Liban “perd l’équivalent de 15 années de croissance économique”
Banque mondiale
Pas de répit en vue
Malgré les appels au cessez-le-feu, les belligérants restent inflexibles pour le moment. Israël veut neutraliser le Hezbollah dans le sud du Liban afin de permettre le retour des quelque 60 000 habitants du nord d’Israël déplacés par les tirs du mouvement chiite. Le nouveau ministre israélien de la Défense a déclaré : “nous ne ferons aucun cessez-le-feu, nous ne lèverons pas le pied”. De son côté, le Hezbollah continue de pilonner le territoire israélien malgré les raids destructeurs.
L’ONU appelle au redéploiement de l’armée libanaise
Au terme d’une visite au Liban, le chef des Casques bleus de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, a estimé que “le redéploiement des forces armées libanaises est un élément absolument central à toute solution durable”. Une position difficile alors que l’offensive terrestre israélienne se poursuit dans le sud du pays et que les raids s’étendent en Syrie voisine, tuant une vingtaine de personnes selon une ONG.
Ce conflit entre le Hezbollah et Israël porte un nouveau coup très dur à une économie libanaise déjà exsangue et qui peine à se relever. Les destructions massives, notamment de logements et d’infrastructures, hypothèquent un peu plus l’avenir d’un pays miné par les crises à répétition. Avec déjà plusieurs années de récession, le Liban voit la fragile reprise tant espérée s’éloigner encore.