Depuis près de deux mois, le sud du Liban est le théâtre de violents affrontements entre l’armée israélienne et le Hezbollah. Au cœur de cette bataille acharnée se trouve la petite ville frontalière de Khiam, considérée comme une “porte stratégique” par Israël. Malgré d’intenses bombardements et des combats au sol, la localité résiste encore et toujours à l’envahisseur.
Khiam, un verrou stratégique disputé
Située à seulement 6 km de la frontière israélienne, Khiam occupe une position clé dans le dispositif militaire du Hezbollah au sud Liban. Depuis plus de trois semaines, des chars israéliens sont stationnés à l’est de la ville, cherchant à l’encercler. D’après l’agence de presse libanaise ANI, l’armée israélienne utilise “tout type d’armes” pour tenter de prendre le contrôle de la localité, allant jusqu’à dynamiter des bâtiments.
Mais le Hezbollah ne l’entend pas de cette oreille. Au cours des derniers jours, le mouvement chiite a revendiqué une vingtaine d’attaques contre les soldats israéliens à Khiam. Malgré le déluge de feu, la résistance s’accroche, bien décidée à ne pas céder ce verrou stratégique permettant un accès rapide au territoire libanais.
Une offensive israélienne d’envergure
L’offensive sur Khiam s’inscrit dans le cadre d’une vaste opération militaire israélienne visant à repousser le Hezbollah loin de la frontière. Parallèlement aux attaques terrestres, Tsahal mène d’intenses raids aériens sur les fiefs du Hezbollah depuis le 23 septembre. L’objectif : permettre le retour des 60 000 habitants du nord d’Israël, déplacés par les tirs de roquettes du mouvement islamiste.
Ces dernières semaines, les troupes israéliennes ont également effectué des incursions dans plusieurs villages frontaliers côté libanais. Après avoir dynamité des maisons et détruit de présumés tunnels du Hezbollah, elles se sont ensuite retirées. Une façon de créer une sorte de “zone tampon” le long de la frontière.
22 ans après, le spectre de l’occupation
Pour de nombreux Libanais, ces opérations militaires ravivent le douloureux souvenir de l’occupation israélienne. De 1978 à 2000, une large portion du sud Liban était sous contrôle de l’État hébreu et de son allié local, l’Armée du Liban Sud. Durant cette période, Khiam abritait d’ailleurs une tristement célèbre prison gérée par cette milice supplétive d’Israël.
Il aura fallu 22 ans de guérilla acharnée menée par le Hezbollah pour que les Israéliens finissent par se retirer. Un succès dont le “Parti de Dieu” a fait son principal fonds de commerce politique et dont il se prévaut encore aujourd’hui pour justifier son arsenal militaire.
Vers une escalade incontrôlable ?
Alors que les combats font rage à Khiam et dans d’autres secteurs du sud Liban comme Bayyada, beaucoup craignent que le conflit ne dégénère. Les efforts diplomatiques peinent à aboutir et chaque jour apporte son lot de destruction et de victimes des deux côtés de la frontière.
La situation est extrêmement tendue et explosive. Nous sommes à la merci d’une escalade incontrôlable qui pourrait embraser tout le Liban.
Un diplomate européen à Beyrouth
Pris en étau entre un Hezbollah déterminé à en découdre et un Israël qui semble cette fois décidé à en finir avec la menace à sa frontière nord, le Liban retient son souffle. Khiam, cette petite ville autrefois inconnue, est devenue malgré elle le symbole de cet affrontement qui ne dit pas son nom. Un nouveau chapitre sanglant dans l’interminable conflit israélo-libanais.
Alors que les grandes puissances regardent ailleurs, focalisées sur l’Ukraine, ce conflit couve dangereusement aux portes de l’Europe. Jusqu’où ira l’offensive israélienne au Liban ? Le Hezbollah réussira-t-il à transformer Khiam en un nouveau Stalingrad du Moyen-Orient ? Les prochains jours seront décisifs.