L’intelligence artificielle (IA) s’invite dans un domaine où on ne l’attendait pas forcément : la recherche d’emploi. En effet, de plus en plus de Français, chômeurs comme salariés en quête d’un nouveau challenge professionnel, utilisent désormais ces outils pour maximiser leurs chances de décrocher le poste de leurs rêves. Rédaction de CV et de lettres de motivation, simulations d’entretiens d’embauche, aide au ciblage des offres… Les possibilités offertes par l’IA semblent infinies. Mais cette révolution du recrutement est-elle sans limites ? Décryptage d’un phénomène en plein essor.
L’IA, un coach personnel pour (re)trouver un job
Selon une récente enquête de l’Observatoire de l’IA et de l’emploi, pas moins de 77% des chômeurs français ont déjà eu recours à l’intelligence artificielle dans le cadre de leur recherche d’emploi. Un chiffre qui monte même à 79% chez les femmes. Les outils comme ChatGPT sont particulièrement prisés pour améliorer la qualité des candidatures, qu’il s’agisse de peaufiner un CV (40% des sondés) ou une lettre de motivation. L’IA est aussi utilisée pour mieux cibler les offres d’emploi (33%), identifier ses compétences clés (29%) ou encore se préparer aux fameux entretiens d’embauche (19%).
Des témoignages éloquents
Elodie, 46 ans, a ainsi utilisé l’IA pour simuler un entretien d’embauche alors qu’elle était en pleine reconversion après 8 ans comme entrepreneure. Un outil « un peu trop sympa » au départ, qu’elle a dû recadrer en lui demandant de lui poser des questions pièges. Des échanges qui lui ont permis de valoriser son expérience et de retrouver confiance en elle, avant de décrocher un poste de responsable communication.
Kevin, professionnel du marketing de 30 ans, est lui un véritable fan de ces technologies. En plus d’optimiser son CV et ses lettres de motivation, il est allé jusqu’à transformer une « photo de vacances lambda » en cliché professionnel grâce à l’IA. Un gain de temps et d’argent indéniable pour ce jeune diplômé.
L’IA, un outil à manier avec précaution
Si l’IA peut s’avérer un précieux allié, elle a aussi ses limites. Comme le souligne Clément Thonon, formateur numérique, le recours à ces outils impose une certaine exigence. Fini les fautes dans les CV ou lettres de motivation ! Mais surtout, gare à ne pas se reposer uniquement sur la machine. Pour Alice, 52 ans et ex-directrice stratégique, c’est d’ailleurs « la désillusion absolue ». Malgré des candidatures retravaillées par l’IA, son profil atypique reste bloqué par les logiciels de tri, faute d’un « œil humain » pour s’y attarder.
L’IA peut être un formidable outil en amont, mais ma candidature reste bloquée au premier tri. Ce sont des bots qui écrèment et un profil comme le mien, avec 30 ans d’expérience à l’étranger, n’a aucune chance s’il n’y a pas d’humain pour regarder mon parcours.
Alice, 52 ans, ex-directrice stratégique
Quid des données personnelles ?
Se pose aussi la question de la confidentialité des données. En ayant recours à des outils principalement développés par des entreprises américaines, les chercheurs d’emploi s’exposent à voir une partie de leur vie professionnelle, voire privée, leur échapper. Un « sujet » dont Kevin a bien conscience, mais qu’il balaye d’un revers de main. Pour lui, le gain de temps et la praticité sont tels que le jeu en vaut la chandelle. Un avis que semble partager la majorité des utilisateurs, qui ont « le +accepter cookies+ facile » quand il s’agit de doper leur employabilité.
L’avenir du recrutement sera-t-il 100% IA ?
Si l’intelligence artificielle s’impose comme un outil prisé des chercheurs d’emploi, elle ne saurait pour autant remplacer totalement l’humain, en particulier pour les profils expérimentés ou atypiques. Son usage à bon escient, en complément d’un accompagnement personnalisé, semble être la clé d’une recherche d’emploi réussie. Aux recruteurs aussi de s’adapter à cette nouvelle donne et de réajuster leurs processus pour ne pas passer à côté de talents singuliers. L’IA, une alliée de taille, mais pas une solution miracle !
