En cette année du 70e anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance algérienne en 1954, une comédie musicale inédite rend un vibrant hommage aux nombreux artistes qui ont participé à cette lutte historique face à la puissance coloniale française. « Le Prix de la Liberté », jouée pour la première fois jeudi dernier à l’Opéra d’Alger devant une salle comble, met en lumière le rôle crucial joué par les poètes, musiciens et acteurs dans la quête d’émancipation du peuple algérien.
Des Artistes au Cœur de la Révolution
Selon Haroun Al Kilani, auteur du livret de cette œuvre magistrale interprétée par près de 200 artistes, il s’agit d’« un hommage à la longue liste d’artistes qui ont tout laissé pour rejoindre le Front de Libération Nationale (FLN) ». La comédie musicale retrace en quatre actes l’épopée de ces hommes et femmes de culture qui ont mis leur art au service de la cause révolutionnaire.
L’Hymne National, Symbole de la Lutte
Un moment fort du spectacle est consacré à la genèse de l’hymne national algérien « Kassaman », dont les paroles furent écrites par le poète Moufdi Zakaria. À travers son récit, « Le Prix de la Liberté » nous plonge dans l’histoire de ce chant patriotique devenu le symbole de la résistance.
Nous voulions montrer les sacrifices de cette armée d’artistes mobilisés pendant l’insurrection.
Rabie Guechi, metteur en scène
La Voix des Sans-Voix
La pièce rend également hommage à des figures emblématiques comme Ali Maâchi, poète et chanteur engagé connu pour ses chansons militantes. Pendu sur la place publique par l’armée française en juin 1958, il incarne le courage de ces artistes qui furent la voix de l’Algérie, y compris par-delà les frontières.
Un Spectacle Total et Engagé
Mêlant chant, musique, danse, théâtre, vidéo et animation pendant 1h20, « Le Prix de la Liberté » offre une expérience immersive et poignante. Pour la comédienne Meriem Lechlech, 23 ans, il s’agit d’« un spectacle épique qui montre comment les artistes ont joué un rôle efficace dans le déclenchement de la Révolution ».
Au-delà de l’prouesse artistique, cette comédie musicale porte un message essentiel de transmission. Comme le souligne Mohamed Zelagui, spectateur de 27 ans, les réalisations de ces artistes engagés « resteront pour toujours dans l’âme de la société algérienne et seront transmises aux générations futures ».
70 Ans Après, l’Héritage Perdure
Alors que les relations entre l’Algérie et la France connaissent des tensions récurrentes depuis l’indépendance, commémorée chaque 1er novembre, « Le Prix de la Liberté » rappelle avec force le rôle central des artistes dans la lutte émancipatrice du peuple algérien. Une lutte dont l’héritage continue d’inspirer la création 70 ans après.
Nul doute que cette œuvre magistrale et inédite, portée par la ferveur de ses interprètes, marquera durablement les esprits. Les concepteurs du spectacle souhaitent d’ailleurs qu’il soit joué à nouveau, à Alger ou ailleurs dans le pays, pour que résonne toujours la voix de ces artistes héros.