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L’histoire tragique des 30 fusillés de Sainte-Radegonde

Il y a 80 ans, un drame méconnu se déroulait à Sainte-Radegonde en Aveyron. Alors que les Allemands s'apprêtaient à quitter Rodez, 30 prisonniers, pour la plupart de jeunes résistants, furent froidement abattus par un bataillon SS. Découvrez l'histoire de ce massacre oublié et l'hommage qui leur est rendu aujourd'hui...

En ce 17 août 2024, la petite commune de Sainte-Radegonde en Aveyron s’apprête à commémorer un drame longtemps resté dans l’ombre de l’Histoire. Il y a tout juste 80 ans, 30 prisonniers, pour la plupart de jeunes résistants, étaient froidement abattus par un bataillon SS sur le champ de tir de la commune. Retour sur ce massacre méconnu de l’été 1944.

Un été 1944 marqué par les atrocités

Après le Débarquement du 6 juin 1944, la pression s’accentue sur l’armée allemande. En Aveyron comme ailleurs, les actions de la Résistance se multiplient, de plus en plus violentes. Face à elles, la répression nazie est implacable.

On connaît le terrible massacre d’Oradour-sur-Glane du 10 juin 1944. Mais combien d’autres atrocités furent commises cet été-là par les troupes allemandes ? Le drame de Sainte-Radegonde en fait partie.

30 prisonniers extraits de la prison de Rodez

À la mi-août, alors que les Allemands s’apprêtent à quitter Rodez, l’ordre est donné d’exécuter les prisonniers détenus à la caserne Burloup qui sert de prison. Un officier allemand refuse de fournir un peloton d’exécution. C’est donc un détachement SS venu d’Albi qui s’en charge.

30 hommes sont extraits. La plupart sont de jeunes résistants français âgés de 17 à 30 ans. Quatre sont étrangers : un Allemand, un Espagnol et deux Polonais. Parmi eux, Paul Wormser, médaillé olympique d’escrime à Berlin en 1936.

Un massacre froidement exécuté

Ligotés deux par deux, les prisonniers sont conduits près de la butte du champ de tir de Sainte-Radegonde. Selon plusieurs témoins, certains auraient entonné la Marseillaise avant que ne résonne le crépitement des mitraillettes.

Quelques Radegondiens occupés aux travaux des champs assistèrent de loin au massacre. Terrorisés, ils n’osent s’approcher avant le lendemain matin.

– Construire l’histoire de la Résistance, Aveyron 1944

Les 30 corps sont enterrés à la hâte dans une tranchée. Certains des SS ayant participé au massacre subiront le même sort quelques semaines plus tard, fusillés sans jugement par des maquisards de l’Ardèche.

Un crime longtemps resté dans l’ombre

Dès le 20 août 1944, un grand hommage est rendu aux victimes à Rodez. Mais le drame de Sainte-Radegonde reste méconnu. Il faudra attendre août 1946 pour qu’un monument soit inauguré sur le site du massacre.

Encore aujourd’hui, rares sont ceux qui connaissent cette sombre page de l’histoire aveyronnaise. À l’occasion du 80e anniversaire, la commune a voulu redonner à cet événement toute sa place dans la mémoire collective.

En ce 17 août 2024, une randonnée partira des anciennes casernes de Rodez, suivant le trajet des prisonniers. Paul Wormser, athlète olympique parmi les fusillés, sera particulièrement mis à l’honneur. Puis une cérémonie se tiendra devant le monument érigé sur le site même du crime de guerre.

Nous avons la chance de pouvoir commémorer cet événement sur les lieux tels qu’ils étaient au moment du massacre. Beaucoup de massacres qui ont eu lieu sur des bords de route ou en rase campagne ne peuvent être marqués que d’une petite stèle. À Sainte-Radegonde, le site est resté intact, ce qui lui donne une force d’évocation particulière.

– Laurence Pagès-Touzé, Maire de Sainte-Radegonde

Un devoir de mémoire, 80 ans après, pour ne pas oublier ce crime nazi longtemps resté dans l’ombre. Pour que résonne encore, par-delà le temps, l’écho des 30 fusillés de Sainte-Radegonde.

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