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L’héroïsme discret de Geneviève Callerot, résistante centenaire

Elle a aidé plus de 200 personnes à fuir l'Occupation. Découvrez le destin hors du commun de Geneviève Callerot, résistante française décorée de la Légion d'honneur à 102 ans. Un parcours d'abnégation et de courage qui force l'admiration...

Geneviève Callerot, résistante française décorée en 2018 de la Légion d’honneur pour avoir aidé plus de 200 personnes à passer en zone libre pendant la Seconde Guerre mondiale, s’est éteinte le 16 janvier 2025 à l’âge de 108 ans. Son parcours d’abnégation et de courage force l’admiration et rappelle l’héroïsme discret de nombreux Français qui ont risqué leur vie pour sauver celle des autres pendant les heures sombres de l’Occupation.

Une vie au service des autres

Née en 1916 à Paris, Geneviève Callerot grandit dans une famille d’agriculteurs installée en Dordogne. Quand la guerre éclate en 1939, la jeune femme a 23 ans. Avec ses parents et ses frères et sœurs, elle décide d’aider ceux qui fuient la zone occupée pour rallier la zone libre, à seulement quelques kilomètres de la ferme familiale située à Saint-Aulaye.

Pendant près de quatre ans, la famille Callerot va ainsi aider plus de 200 personnes, parmi lesquelles de nombreux juifs, à passer en zone libre. Un réseau clandestin se met en place : les fugitifs sont cachés dans la ferme le temps de reprendre des forces, avant d’être guidés de nuit jusqu’à la ligne de démarcation, à travers bois et chemins de traverse.

Arrêtée à trois reprises par les Allemands

Un engagement qui n’est pas sans risques. Geneviève Callerot sera arrêtée à trois reprises par les Allemands. Une première fois alors qu’elle circulait à vélo, une faucille et un sac d’orties à la main. D’après une source proche, elle aurait réussi à berner un soldat en expliquant, avec force « cocorico » et « coin coin », qu’elle ramassait des orties pour nourrir ses poules et ses canards.

La troisième arrestation sera plus sérieuse : dénoncée, Geneviève Callerot passera trois semaines en prison à Libourne pour avoir aidé une cousine de 56 ans et un jeune homme de 17 ans. Elle échappera à la déportation en inventant de toutes pièces une histoire de fiançailles avec un certain Jacques Martin… le temps que les Allemands répertorient tous les Martin de France !

Un précieux témoignage pour les générations futures

Après la guerre, Geneviève Callerot a continué à vivre dans la ferme familiale en Dordogne. Mère de trois enfants, cette paysanne discrète est devenue écrivaine sur le tard, publiant six romans « paysans » à partir de 63 ans. Son dernier livre, « Deux filles sous la botte, chronique d’une famille pendant l’occupation », s’inspire directement de son expérience dans la résistance.

J’ai écrit ce livre parce que bientôt personne ne pourra plus dire : j’ai vu… j’y étais…

Geneviève Callerot

Jusqu’au bout, cette « combattante de l’ombre », comme l’a décrite son frère Étienne, aura voulu transmettre son histoire. Après avoir longtemps refusé la Légion d’honneur, estimant que d’autres la méritaient davantage, Geneviève Callerot avait finalement accepté la prestigieuse décoration en 2018 au nom de ses parents et de ses frères et sœurs.

En ces temps troublés où le devoir de mémoire apparaît plus nécessaire que jamais, le parcours de Geneviève Callerot est un exemple pour tous. Il nous rappelle que l’héroïsme se niche aussi dans les actes du quotidien et la solidarité des anonymes. Des valeurs intemporelles portées jusqu’au bout par cette résistante d’exception qui, à 108 ans, faisait encore profiter les collégiens de son précieux témoignage. Geneviève Callerot laisse une empreinte indélébile et lumineuse, à l’image de ces héros ordinaires qui, dans l’ombre, ont écrit les plus belles pages de notre Histoire.

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