Alors que l’Amérique se prépare à l’investiture de Donald Trump, la nation pleure la perte de l’ancien président Jimmy Carter, décédé à l’âge vénérable de 100 ans. Au-delà des hommages, sa disparition semble raviver la nostalgie d’une époque révolue, où la droiture et l’intégrité étaient encore des vertus cardinales de la vie politique américaine.
Le Symbole d’une Exigence Morale Perdue
Jimmy Carter, 39ème président des États-Unis, restera dans les mémoires comme l’incarnation d’une Amérique où la moralité, tant dans la sphère privée que publique, était encore valorisée. Joe Biden, le président sortant, a rendu un vibrant hommage à son prédécesseur démocrate en soulignant sa « droiture », un mot qu’il a martelé à trois reprises, comme pour mieux souligner le contraste saisissant avec l’ère Trump.
Pouvez-vous imaginer Jimmy Carter faisant des commentaires sur l’apparence des gens ou sur leur manière de parler ?
Joe Biden, président sortant des États-Unis
L’Éthique en Politique, une Valeur en Perdition ?
Si la présidence de Carter reste associée à des échecs diplomatiques et des déconvenues économiques, son engagement humanitaire, ses médiations internationales et son train de vie modeste ont fini par faire de lui une figure intouchable, trop respectée pour être ouvertement critiquée. Pourtant, comme le souligne l’historien Jon Meacham, les éloges posthumes en disent long sur l’évolution des mentalités :
Les Américains sont devenus complètement insensibles aux considérations éthiques dans la vie politique.
Barbara Perry, professeure spécialisée dans l’histoire des présidents américains
Un Héritage Moral en Guise de Testament
En juillet 1979, dans un discours prémonitoire aux accents de sermon, Jimmy Carter avait évoqué une « crise de confiance » du pays et un ébranlement moral des Américains. Quarante ans plus tard, au crépuscule de sa vie, l’ancien président aura vu cette crise s’amplifier jusqu’à l’avènement de Donald Trump, dont l’élection en 2016 fut, selon lui, le fruit d’une ingérence russe.
Aujourd’hui, c’est toute l’Amérique qui semble en proie au doute et à la fragmentation qu’il décrivait jadis. En célébrant la mémoire de Jimmy Carter, c’est peut-être le souvenir d’une certaine idée de l’Amérique, où l’éthique et la bienséance avaient encore droit de cité en politique, que la nation honore et regrette tout à la fois. Une Amérique dont Carter restera, à titre posthume, le symbole intemporel et l’ultime rempart face à la déferlante trumpiste.
La question reste ouverte : l’héritage moral de Jimmy Carter suffira-t-il à raviver les consciences et à endiguer la crise éthique qui gangrène la politique américaine ? Ou ne sera-t-il qu’un lointain souvenir, la lueur nostalgique d’une époque révolue, éclipsée par le vent de la discorde qui souffle sur l’Amérique de Trump ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : la droiture de Carter restera, à jamais, comme un phare dans la nuit, guidant ceux qui croient encore en la primauté de la morale en politique.