La menace gronde au-dessus du gouvernement français. Mercredi, le spectre d’une motion de censure planait dans l’hémicycle, brandie par un front uni de l’extrême droite et de la gauche. En cause : un budget 2025 qui rognerait le pouvoir d’achat des Français. Une ligne rouge à ne pas franchir, sous peine de voir l’exécutif tomber.
Le Rassemblement National pose un ultimatum
C’est un avertissement sans appel qu’a lancé Marine Le Pen, cheffe de file des députés du Rassemblement National (RN). Sur les ondes de RTL, elle a prévenu : « Si le pouvoir d’achat des Français est amputé, nous voterons la censure. » Un coup de semonce adressé au gouvernement de Michel Barnier, qui planche actuellement sur le projet de loi de finances.
Le RN, principal parti d’extrême droite, n’entend pas faire de concession. Si l’exécutif brave cet interdit et utilise l’article 49-3 de la Constitution pour faire adopter son budget sans vote, alors Marine Le Pen et ses troupes rejoindront les rangs de la gauche pour faire tomber le gouvernement. Une alliance de circonstance explosive.
Un calendrier sous haute tension
Cette épée de Damoclès pourrait s’abattre dans la deuxième quinzaine de décembre. Le gouvernement, en effet, ne dispose pas d’une majorité à l’Assemblée. Il devra probablement dégainer le 49-3 pour faire passer en force le budget de l’État. C’est à ce moment-là, si motion de censure il y a, que l’attelage contre-nature RN-gauche pourrait le renverser.
Mme Le Pen recevra lundi le Premier ministre pour discuter du budget. Elle a d’ores et déjà jugé « inadmissible » la hausse envisagée des taxes sur l’électricité, même si l’Assemblée l’a supprimée en première lecture. « Taper sur les entreprises, sur les retraités, c’est inadmissible », a-t-elle martelé, regrettant de ne pas avoir été « entendue » ni même « écoutée ».
Une Assemblée fragmentée et explosive
Cette crise budgétaire s’inscrit dans le contexte d’une Assemblée morcelée depuis les élections anticipées de cet été, après la dissolution décidée par Emmanuel Macron. Trois blocs irréconciliables se font face :
- La coalition de gauche NFP, arrivée en tête mais écartée du gouvernement
- Les partis de centre-droit, réunis derrière le Premier ministre Michel Barnier
- L’extrême droite menée par Marine Le Pen
Un puzzle insoluble, propice aux coups d’éclat et aux alliances explosives. Le feuilleton du budget 2025 pourrait en être l’illustration la plus spectaculaire. Les prochaines semaines s’annoncent électriques dans l’hémicycle, sur fond de bras de fer autour du pouvoir d’achat des Français.