Un séisme politique vient de secouer l’Autriche. Selon des sources proches du scrutin, l’extrême droite a remporté une victoire retentissante lors des élections régionales de Styrie, renforçant ainsi son emprise sur le pays. Le Parti de la Liberté (FPÖ) a récolté près de 35% des suffrages, loin devant les partis traditionnels. Un résultat historique qui marque un tournant dans le paysage politique autrichien.
Une gifle pour les partis du « système »
Avec un bond spectaculaire de 17 points par rapport au précédent scrutin de 2019, le FPÖ s’impose comme la première force politique de Styrie, reléguant les conservateurs et les sociaux-démocrates loin derrière. Une véritable « gifle » pour ces partis qualifiés de « système » par le chef de file national du FPÖ, Herbert Kickl.
Ce succès historique vient amplifier la vague du renouveau.
Herbert Kickl, leader national du FPÖ
Pour Kickl, ce triomphe doit se traduire dans les négociations à venir. Il appelle à respecter la volonté des électeurs, aussi bien en Styrie que dans toute l’Autriche, en donnant au FPÖ un rôle central dans la formation des majorités et des gouvernements.
Mario Kunasek, l’homme fort de Styrie
Représentant du FPÖ en Styrie et éphémère ministre de la Défense entre 2017 et 2019, Mario Kunasek sort grand vainqueur de ce scrutin. Cet ancien soldat de 48 ans, qui a fait campagne sur les thèmes phares de l’extrême droite comme la lutte contre l’immigration et la défense des automobilistes, se retrouve en position de force pour négocier une majorité.
Fort de ce succès, Kunasek compte bien inviter l’ensemble des partis à la table des négociations, avec l’objectif avoué de décrocher le poste prestigieux de gouverneur. Une fonction dotée d’importants pouvoirs, que seul un autre ténor de l’extrême droite, Jörg Haider, avait réussi à conquérir par le passé.
Le FPÖ, incontournable mais isolé ?
Si la victoire du FPÖ est incontestable, son accession au pouvoir n’est pas encore acquise. Avant le scrutin, conservateurs et sociaux-démocrates avaient affiché leur volonté de reconduire leur alliance, malgré leurs scores en berne. Mais faute de sièges suffisants, ils devront se trouver un troisième partenaire, chez les Verts ou les libéraux, pour éviter de devoir composer avec l’extrême droite.
Un scénario qui se répète au niveau national, où le FPÖ, bien que première force au Parlement, reste tenu à l’écart des discussions menées par le chancelier conservateur sortant Karl Nehammer pour former un nouveau gouvernement. Une situation paradoxale, qui montre la difficulté des partis traditionnels à s’adapter à la nouvelle donne politique.
Vers un réalignement du paysage politique autrichien ?
Au-delà de la Styrie, le succès du FPÖ interroge sur l’évolution du paysage politique autrichien dans son ensemble. Porté par un discours populiste et anti-establishment, l’extrême droite confirme son ancrage dans l’électorat et sa capacité à imposer ses thèmes dans le débat public.
Face à cette poussée, les partis traditionnels semblent peiner à proposer une alternative crédible et à renouveler leurs pratiques. Une remise en question qui apparaît pourtant indispensable pour endiguer la montée des extrêmes et restaurer la confiance des citoyens dans les institutions.
Les prochains mois seront décisifs pour dessiner les contours de la nouvelle Autriche politique. Entre rapports de force inédits et lignes de fracture à reconstituer, c’est tout l’équilibre du pays qui se joue. Avec en toile de fond, l’interrogation sur la place qu’occupera in fine l’extrême droite dans ce paysage chamboulé.
