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L’Expression « Se Faire Pigeonner » : Une Origine Étonnante

Saviez-vous que l'expression « se faire pigeonner » ne fait pas référence à l'intelligence des pigeons ? Son origine remonte en fait au Moyen-Âge et aux pigeonniers des seigneurs. Découvrez comment ces oiseaux étaient utilisés pour tromper lors des mariages...

L’expression « se faire pigeonner » est si courante dans la langue française qu’on en oublierait presque de s’interroger sur ses origines. Pourtant, en remontant le fil de l’histoire, on découvre que cette locution populaire trouve sa source dans une pratique étonnante datant du Moyen-Âge. Loin des idées reçues sur l’intelligence des pigeons, c’est en réalité tout un pan de la société médiévale qui se dévoile.

Quand les huppes cèdent la place aux pigeons

Au XVe siècle, la haute société affectionnait particulièrement un oiseau appelé la huppe, reconnaissable à sa crête de plumes colorées. Avant de la consommer, il fallait la déplumer, d’où l’idée de « dé-hupper », signifiant « déposséder ». C’est ainsi qu’est né le mot « dupe » pour désigner une personne facile à tromper.

Mais avec la raréfaction des huppes, ce sont les pigeons, tout aussi prisés dans les assiettes, qui ont fini par les remplacer dans l’expression. Une substitution qui s’est accompagnée d’un glissement de sens, la duperie se muant en tromperie.

Les pigeonniers, marqueurs de richesse

Au Moyen-Âge, posséder un pigeonnier était un véritable symbole d’opulence. Et pour cause, la fiente de pigeon, appelée colombine, constituait un engrais de premier choix grâce à sa forte teneur en azote et en acide phosphorique. Plus un seigneur avait de pigeons, plus il pouvait fertiliser de terres.

Les volatiles étaient ainsi logés dans de petits habitacles en pierre, les boulins, aménagés à l’intérieur même des pigeonniers. Selon la coutume de l’époque, le nombre de boulins devait être proportionnel à la surface des terres possédées, à raison d’environ deux boulins par hectare.

Une ruse de pigeonniers

C’est là qu’intervenait une supercherie des plus sournoises. Afin de conclure de belles alliances, certains seigneurs n’hésitaient pas à tricher en construisant des boulins supplémentaires dans leurs pigeonniers. Le but ? Faire croire à de potentiels beaux-pères qu’ils possédaient plus de terres qu’en réalité.

Le père de l’épousée, pensant marier sa fille à plus riche qu’en vérité, se faisait alors bel et bien « pigeonner ».

Un dicton de l’époque

Voilà comment, au fil des siècles, l’expression « se faire pigeonner » s’est ancrée dans le langage courant pour signifier se faire duper. Une locution qui doit donc plus aux mœurs de la société médiévale qu’à l’intelligence même des pigeons.

Des volatiles plus futés qu’il n’y paraît

D’ailleurs, contrairement aux idées reçues, les pigeons seraient loin d’être idiots. Selon une étude américaine publiée en 2023, ces oiseaux feraient preuve de capacités cognitives insoupçonnées :

  • Mémorisation de centaines d’images
  • Reconnaissance de mots et de personnes
  • Résolution de problèmes complexes

Des aptitudes qui pourraient bien amener à reconsidérer notre perception de ces volatiles. En attendant, gageons que l’expression « se faire pigeonner » a encore de beaux jours devant elle, forte de ses racines historiques méconnues.

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