L’Afrique est confrontée à une crise humanitaire alarmante avec l’explosion du nombre de déplacés internes sur le continent. Selon un rapport du Centre de surveillance des déplacements internes (IDMC), les conflits, violences et catastrophes naturelles ont poussé 35 millions de personnes à fuir leur foyer tout en restant dans leur propre pays à la fin de l’année dernière. Un chiffre qui a triplé en seulement 15 ans et qui représente près de la moitié des déplacés internes dans le monde.
Des déplacements massifs causés par les conflits et le changement climatique
Les conflits armés et la violence sont la principale cause de déplacement interne en Afrique, touchant 32,5 millions de personnes. Cinq pays sont particulièrement affectés : la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, le Nigeria, la Somalie et le Soudan. Même après des années, voire des décennies, de nombreux déplacés n’ont toujours pas pu rentrer chez eux, coincés dans des schémas cycliques. De nouvelles vagues de violence viennent sans cesse gonfler ces chiffres.
Mais un autre facteur aggrave la situation : le changement climatique. Les catastrophes naturelles, en particulier les inondations et les sécheresses, ont multiplié par six le nombre de déplacements en 15 ans, passant de 1,1 million à 6,3 millions par an. Ces phénomènes se combinent souvent aux conflits, créant des crises complexes où les populations fuient à plusieurs reprises ou sur de longues périodes.
Un défi pour le développement et la stabilité de l’Afrique
Au-delà du drame humain, ces déplacements massifs perturbent profondément le développement des pays touchés. Les communautés déracinées perdent leurs moyens de subsistance, leur identité culturelle et leurs liens sociaux. Elles deviennent plus vulnérables et dépendantes de l’aide.
Pour les autorités locales et nationales, c’est un énorme défi à relever. Elles doivent fournir des logements, des soins, une éducation et une protection à ces populations, ce qui génère des coûts supplémentaires. Dans le même temps, les déplacés ne peuvent plus générer de revenus ni payer d’impôts, chamboulant les programmes de développement.
La Convention de Kampala, un outil crucial mais insuffisant
Pour tenter de résoudre cette crise, l’Union africaine a adopté en 2009 la Convention de Kampala sur la protection et l’assistance aux déplacés internes. Ce traité, ratifié par 34 pays, est un accord régional pionnier et juridiquement contraignant. Il a permis des avancées, avec des cadres légaux et des investissements de la part des États. Mais les gouvernements peinent à faire face à l’ampleur du problème.
La clé du problème, c’est de faire beaucoup plus en matière de consolidation de la paix, de diplomatie et de transformation des conflits.
– Alexandra Bilak, directrice de l’IDMC
Un appel à l’action internationale pour éviter une catastrophe
Face à cette situation alarmante, les experts appellent la communauté internationale à se mobiliser davantage aux côtés des pays africains. Il est urgent d’intensifier les efforts diplomatiques pour résoudre les conflits qui déchirent le continent. Le soutien au développement et à l’adaptation au changement climatique est également crucial pour renforcer la résilience des populations.
Si rien n’est fait, les déplacements internes risquent de continuer à exploser en Afrique, menaçant la stabilité, la sécurité et le développement du continent. Une véritable bombe à retardement humanitaire. Il est temps d’agir avant qu’il ne soit trop tard.