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L’exode politique américain : quand les électeurs déménagent

À quelques jours de l'élection présidentielle américaine, un phénomène nouveau émerge : des électeurs qui déménagent vers des États plus en phase avec leurs convictions politiques. Découvrez les dessous de cet exode idéologique qui redessine la carte électorale des États-Unis...

Alors que les États-Unis s’apprêtent à élire leur prochain président, un curieux phénomène émerge en marge de la campagne. Lassés de vivre dans des régions aux convictions opposées aux leurs, de plus en plus d’électeurs américains font le choix radical de… déménager ! Zoom sur cet exode politique qui pourrait bien redessiner la carte électorale.

L’Oregon, État divisé

Direction l’Oregon, dans le nord-ouest du pays. Cet État côtier est depuis longtemps acquis aux démocrates, notamment dans les grandes villes progressistes comme Portland. Mais à l’est, dans les comtés ruraux et conservateurs, la colère gronde. Leur solution ? Divorcer de la partie ouest de l’État pour se marier avec l’Idaho voisin, bien plus à droite.

On ne se sent plus du tout représentés par les élus de la côte. On a plus en commun avec l’Idaho qu’avec Portland.

Jim, habitant de l’est de l’Oregon

13 comtés ont déjà voté pour valider ce “divorce”, qui verrait la frontière de l’Idaho repoussée de près de 300km vers l’ouest. Un projet nommé “Greater Idaho” qui a peu de chances d’aboutir, mais qui illustre le fossé grandissant entre les deux Amérique.

L’Idaho, terre promise des conservateurs

Car les divorcés de l’Oregon ne sont pas les seuls à vouloir changer d’air. Partout dans le pays, de nombreux électeurs déménagent pour rejoindre un État plus en phase avec leurs convictions politiques. Et dans ce jeu de chaises musicales idéologiques, l’Idaho fait figure de terre promise pour les conservateurs.

C’est notamment le cas dans la ville de Cœur d’Alene, dans le nord montagneux de l’État. Depuis une décennie, cette bourgade est devenue le refuge des républicains et des nationalistes chrétiens venus des quatre coins du pays. Le comté accueille même un influent think tank d’extrême droite.

Je ne me suis jamais senti aussi libre de mes opinions. Ici, tout le monde pense comme moi, c’est rafraîchissant.

Steve, nouvel habitant de Cœur d’Alene

Une polarisation croissante

Ces migrations politiques ne sont pas un phénomène nouveau. Mais selon les experts, elles ont pris une ampleur inédite ces dernières années, à mesure que le pays se polarisait.

Les Américains ont toujours eu tendance à se regrouper par affinités, y compris politiques. Mais ce qu’on observe aujourd’hui, c’est une accélération et une radicalisation de ce phénomène, avec des conséquences potentiellement lourdes.

Mary Kerrigan, politologue à l’université de Boston

Car en se triant ainsi sur le volet politique, les électeurs créent des zones idéologiquement homogènes, de plus en plus imperméables au débat et au compromis. Une polarisation qui pourrait encore s’accentuer à l’issue du scrutin présidentiel, prévu pour être très serré.

Vers une Amérique en blocs ?

Certains analystes vont même jusqu’à prédire une balkanisation politique des États-Unis. Une partition non officielle du pays en blocs d’États “bleus” (démocrates) et “rouges” (républicains), chacun avec ses propres lois, politiques, et pourquoi pas sa propre monnaie.

Si la tendance se poursuit, on pourrait assister à l’émergence de deux, voire plusieurs « Amérique » distinctes, avec très peu de points communs. Un scénario de « divorce à l’amiable » entre les deux camps.

John Donovan, essayiste politique

Un scénario catastrophe pour certains, une évolution logique pour d’autres. Une chose est sûre : l’unité politique des États-Unis d’Amérique n’aura jamais semblé aussi fragile qu’à l’aube de cette élection capitale. Rendez-vous le 5 novembre pour connaître l’épilogue de cette fascinante odyssée électorale américaine…

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