La menace d’un gouvernement dirigé par le Nouveau Front populaire (NFP) fait trembler les portefeuilles. Depuis la victoire de cette coalition de gauche radicale aux élections législatives, de nombreux Français, pas uniquement parmi les grandes fortunes, songent sérieusement à s’exiler. Si peu sont déjà passés à l’acte, beaucoup ont déjà mis une partie de leur patrimoine à l’abri à l’étranger, par réflexe.
Un réflexe de protection patrimoniale
« J’ai déjà placé une partie de mon argent à l’étranger », assume un professionnel du capital-investissement au lendemain du premier tour. Il n’est pas le seul. Selon un gestionnaire de patrimoine, les montants d’argent qui quittent actuellement la France sont « ahurissants ». Les assureurs luxembourgeois croulent sous les dossiers de Français inquiets.
Éric Gérard, patron d’Optigestion, un cabinet de gestion de patrimoine, confirme : « Mes clients dont le patrimoine est au-dessus de 12 millions d’euros refusent de se laisser tondre. » Certaines mesures du programme fiscal de la NFP, comme le retour de l’ISF ou l’instauration d’une tranche d’impôt sur le revenu à 90 %, « font grimper au plafond » les contribuables les plus aisés, selon Roni Michaly, PDG de la Financière Galilée.
Des préparatifs de départ qui s’accélèrent
Si peu de candidats à l’exil ont déjà sauté le pas, les préparatifs s’accélèrent dans les cabinets d’avocats fiscalistes et les banques privées. La plupart des départs devraient avoir lieu après l’été, une fois les détails des nouvelles mesures fiscales connus.
On conseille à nos clients de ne rien précipiter, d’attendre de voir exactement ce qui sera voté.
– Un avocat fiscaliste parisien
Les destinations envisagées sont sans surprise : le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la Suisse ou encore Dubaï. Des pays qui ont mis en place des régimes fiscaux attractifs pour les expatriés fortunés. Au Portugal par exemple, les nouveaux résidents sont exonérés d’impôt sur leurs revenus étrangers pendant 10 ans.
Un phénomène qui touche les classes moyennes supérieures
Mais l’exil fiscal ne concerne plus seulement les grandes fortunes et les célébrités. Avec un seuil d’entrée dans la tranche à 90 % fixé à 250 000 euros, de nombreux cadres et professions libérales se sentent visés. C’est le cas de ce chirurgien qui envisage de s’installer en Suisse :
Je gagne bien ma vie, mais de là à me prendre 90 % au-dessus de 250 000 euros, ça fait mal. En Suisse, au moins, je sais à quoi m’attendre.
– Un chirurgien
Les chefs d’entreprise sont également nombreux à étudier la possibilité d’une expatriation. Pour eux, c’est surtout la perspective d’une forte hausse des droits de succession qui pose problème. Le programme de la NFP prévoit en effet d’augmenter les taux jusqu’à 65 % au-delà de 12 millions d’euros par bénéficiaire.
Des départs qui inquiètent
Si elle devait se confirmer, cette vague de départs inquiète les économistes. Au-delà de la perte de recettes fiscales, c’est le risque d’un appauvrissement du tissu économique et d’une fuite des talents qui est pointé du doigt. Les grandes fortunes ne sont pas que des contribuables : ce sont aussi souvent des investisseurs et des créateurs d’emplois.
Le gouvernement se veut rassurant et parle d’ajustements possibles. Mais pour beaucoup, le mal est fait. La confiance est rompue et l’herbe semble désormais plus verte ailleurs. L’exil fiscal, un phénomène qui risque de peser lourd sur le bilan du quinquennat qui s’ouvre.