Le secteur pétrolier vénézuélien, crucial pour l’économie du pays qui dispose des plus grandes réserves mondiales, est une nouvelle fois ébranlé par un scandale retentissant. Cette fois, c’est l’ex-ministre du pétrole lui-même, Pedro Tellechea, qui se retrouve derrière les barreaux.
D’après le procureur général Tarek William Saab, M. Tellechea et ses plus proches collaborateurs sont accusés de “crimes graves contre les intérêts supérieurs de la nation”. Plus précisément, ils auraient livré le système de commande et de contrôle du géant pétrolier public PDVSA à une société contrôlée par les services de renseignement américains.
Un ministre qui semblait en grâce
Cette arrestation constitue un coup de tonnerre, alors que Pedro Tellechea, 49 ans, semblait avoir le vent en poupe jusqu’à récemment. En août, cet ancien militaire avait quitté à la surprise générale ses postes de ministre et de pdg de PDVSA pour prendre la tête du ministère de l’Industrie et de la Production nationale.
Beaucoup d’observateurs estimaient qu’il avait contribué à redresser en partie le secteur pétrolier vénézuélien, en proie à une profonde crise. Son remplacement inopiné au ministère de l’Industrie vendredi dernier par l’homme d’affaires colombien Alex Saab avait déjà suscité des interrogations.
Un secteur gangrené par la corruption
Pedro Tellechea avait lui-même pris les rênes du secteur pétrolier dans le sillage du scandale éclaboussant son prédécesseur Tareck El Aissami, proche du président Nicolas Maduro. Ce dernier avait été arrêté le 9 avril dans une immense affaire de corruption touchant PDVSA, avec des détournements estimés à 17 milliards de dollars impliquant plus de 60 personnes.
Le stratagème aurait consisté à vendre du pétrole au marché noir et utiliser des cryptomonnaies pour tenter de contourner les sanctions imposées par Washington. Un pari risqué qui semble avoir viré au fiasco.
Des précédents qui se multiplient
Les scandales à répétition secouant la compagnie pétrolière d’État ne datent hélas pas d’hier. L’ancien ministre du pétrole Rafael Ramirez (2002-2014) est en fuite en Italie. Ses successeurs Eulogio del Pino et Nelson Martinez ont été arrêtés, ce dernier étant même mort en détention.
Pour le Vénézuela, extrêmement dépendant de l’or noir, c’est tout l’édifice économique et la stabilité du pouvoir chaviste qui vacillent un peu plus à chaque épisode. L’arrestation spectaculaire de Pedro Tellechea, après une brève embellie, montre que le ver est profondément dans le fruit.
Dans un pays déjà miné par une crise politique, économique et sociale sans précédent, cette nouvelle secousse dans le secteur pétrolier stratégique pourrait s’avérer dévastatrice. Jusqu’où mèneront les ramifications de ce nouveau volet judiciaire ? Le régime de Nicolas Maduro joue à n’en pas douter l’une de ses dernières cartes.