Un procès retentissant vient de s’achever à New York par l’acquittement d’un ancien marine de 24 ans, Daniel Penny, accusé d’avoir étranglé à mort un sans-abri afro-américain dans le métro en mai 2023. Jordan Neely, 30 ans, était connu pour ses imitations de Michael Jackson dans les rues de Manhattan, mais souffrait également de troubles psychiatriques. Le jour du drame, il aurait eu un comportement erratique et crié sur les passagers avant d’être maîtrisé au sol par Penny pendant de longues minutes, jusqu’à en perdre la vie. Une scène filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, provoquant une vive émotion dans le pays.
Une Amérique divisée face à ce fait divers tragique
Au-delà du choc et de l’émoi, cette affaire a mis en lumière les profondes fractures qui traversent la société américaine. Pour certains, essentiellement à droite, Daniel Penny est un « héros » et un « justicier » qui a agi en état de légitime défense face à un individu potentiellement dangereux. Pour d’autres, surtout à gauche, il s’agit au contraire d’un exemple criant des violences subies par les populations les plus vulnérables, ici un sans-abri noir souffrant visiblement de problèmes psychologiques.
Des camps irréconciliables
Tout au long du procès très médiatisé, les deux camps se sont violemment affrontés, comme l’a souligné le procureur Alvin Bragg Jr en évoquant la « haine » et les « menaces » subies par ses équipes. D’un côté, la défense de l’accusé, proche des milieux républicains, a lancé un appel aux dons en ligne. De l’autre, des manifestants ont exprimé leur colère à l’annonce du verdict, scandant « pas de justice, pas de paix ».
« C’est l’Amérique. C’est le son de la douleur des Noirs. »
Un manifestant interviewé par CBS
Le symbole d’une « Amérique à deux vitesses »
Au-delà du seul cas Neely, beaucoup y voient le reflet d’une Amérique inégalitaire et violente envers ses citoyens les plus précaires. D’un côté un jeune homme blanc, ex-militaire, pouvant compter sur de puissants soutiens. De l’autre, un SDF afro-américain marginalisé, dont la santé mentale dégradée n’a pas suscité la compassion mais la peur. Deux destins que tout oppose et qui se télescopent tragiquement.
La question de la santé mentale en filigrane
L’affaire pose aussi la question de la prise en charge des troubles psychiatriques. Souffrant visiblement de problèmes mentaux, Jordan Neely a été perçu comme une menace plutôt qu’une personne en détresse. Un constat amer qui en dit long sur le sort réservé aux plus fragiles psychologiquement, a fortiori quand ils sont pauvres et isolés.
Un procès révélateur des tensions
Si l’ex-marine Daniel Penny a finalement été acquitté au bénéfice du doute par un jury populaire, son procès n’en reste pas moins le révélateur d’une Amérique sous tension, minée par les inégalités, le racisme et la violence. La mort tragique de Jordan Neely dans ce métro new-yorkais, épicentre de toutes les détresses sociales, est à la fois un fait divers sordide et un terrible symbole. Celui d’un pays où les destins se croisent mais ne se rencontrent pas, sauf pour s’entrechoquer brutalement.