Le Liberia a rendu un dernier hommage à l’une des figures les plus controversées de son histoire récente. Des milliers de personnes se sont rassemblées dans le nord du pays pour les funérailles de l’ex-chef de guerre Prince Johnson, décédé fin novembre à l’âge de 72 ans. Pendant cinq jours, des cérémonies nationales ont été organisées, avec notamment l’exposition de son corps devant le Parlement à Monrovia avant son transfert dans son comté natal de Nimba.
Malgré la gravité des crimes qui lui sont imputés, Prince Johnson n’a jamais été inquiété par la justice. Acteur majeur des sanglantes guerres civiles qui ont ravagé le Liberia entre 1989 et 2003, il était réputé pour sa cruauté. Une vidéo l’avait notamment montré en train de siroter une bière pendant que ses hommes torturaient à mort le président Samuel Doe en 1990, l’un des premiers épisodes d’une longue série d’atrocités : massacres de civils, tortures, viols, enrôlement d’enfants soldats, cannibalisme…
Un sénateur influent adulé par ses fidèles
Malgré ce lourd passé, Prince Johnson a conservé jusqu’à sa mort une grande influence et une forte popularité, en particulier dans sa région d’origine de Nimba. Devenu sénateur et prédicateur évangélique, il était suivi par de nombreux fidèles. Pour beaucoup, comme cet agriculteur de 65 ans venu lui rendre hommage, « le plus grand arbre est tombé ». « Nous n’aurons personne pour le remplacer », a-t-il déclaré avec émotion.
Lors des funérailles, la foule arborait les habits traditionnels rouges, le visage peint à la craie blanche. Plusieurs hauts responsables, dont le président et le vice-président, avaient fait le déplacement. Un recueillement empreint de ferveur, loin de l’image du tortionnaire sans remords qu’il a aussi laissée. Car Prince Johnson n’a jamais exprimé de regrets sur son passé.
Des crimes de guerre toujours impunis
La mort de Prince Johnson ravive les questions sur l’impunité des chefs de guerre libériens. En 2009, une Commission Vérité et Réconciliation avait préconisé que huit d’entre eux, dont Johnson, soient jugés par un tribunal spécial. Plus de dix ans après, ces recommandations restent lettre morte, illustrant la difficile cicatrisation post-conflit dans ce pays meurtri.
Certes, le Liberia a connu une forme de stabilisation démocratique. Mais pour de nombreux observateurs, la persistance de zones d’ombres judiciaires risque d’hypothéquer durablement la consolidation de la paix. Sans compter le traumatisme encore vif des victimes, pour qui voir leur bourreau enterré en héros national a un goût amer. Un deuil qui pose la question de la mémoire sélective d’un pays face à ses démons.
Un pays meurtri en quête de paix durable
Au-delà de la figure ambivalente de Prince Johnson, c’est tout le défi de la reconstruction post-conflits qui se pose pour le Liberia. Après une décennie de guerre ayant fait 250 000 morts, ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, parmi les plus pauvres au monde, a aussi été ravagé par Ebola entre 2014 et 2016. Autant de défis colossaux pour tourner la page des violences.
Malgré les controverses, l’hommage rendu à Prince Johnson témoigne de la complexité du processus de réconciliation nationale. Entre justice et apaisement, devoir de mémoire et pardon, le chemin vers une paix durable reste semé d’embûches pour le Liberia. Un équilibre fragile, à l’image de ces funérailles hors normes célébrant un héros trouble, où la liesse côtoie l’indignation silencieuse des victimes.
Lors des funérailles, la foule arborait les habits traditionnels rouges, le visage peint à la craie blanche. Plusieurs hauts responsables, dont le président et le vice-président, avaient fait le déplacement. Un recueillement empreint de ferveur, loin de l’image du tortionnaire sans remords qu’il a aussi laissée. Car Prince Johnson n’a jamais exprimé de regrets sur son passé.
Des crimes de guerre toujours impunis
La mort de Prince Johnson ravive les questions sur l’impunité des chefs de guerre libériens. En 2009, une Commission Vérité et Réconciliation avait préconisé que huit d’entre eux, dont Johnson, soient jugés par un tribunal spécial. Plus de dix ans après, ces recommandations restent lettre morte, illustrant la difficile cicatrisation post-conflit dans ce pays meurtri.
Certes, le Liberia a connu une forme de stabilisation démocratique. Mais pour de nombreux observateurs, la persistance de zones d’ombres judiciaires risque d’hypothéquer durablement la consolidation de la paix. Sans compter le traumatisme encore vif des victimes, pour qui voir leur bourreau enterré en héros national a un goût amer. Un deuil qui pose la question de la mémoire sélective d’un pays face à ses démons.
Un pays meurtri en quête de paix durable
Au-delà de la figure ambivalente de Prince Johnson, c’est tout le défi de la reconstruction post-conflits qui se pose pour le Liberia. Après une décennie de guerre ayant fait 250 000 morts, ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, parmi les plus pauvres au monde, a aussi été ravagé par Ebola entre 2014 et 2016. Autant de défis colossaux pour tourner la page des violences.
Malgré les controverses, l’hommage rendu à Prince Johnson témoigne de la complexité du processus de réconciliation nationale. Entre justice et apaisement, devoir de mémoire et pardon, le chemin vers une paix durable reste semé d’embûches pour le Liberia. Un équilibre fragile, à l’image de ces funérailles hors normes célébrant un héros trouble, où la liesse côtoie l’indignation silencieuse des victimes.