En pleine escalade des tensions entre Israël et les Palestiniens, un geste pour le moins maladroit de l’ex-candidate républicaine Nikki Haley fait polémique. Lors d’un déplacement dans le nord d’Israël près de la frontière libanaise, l’ancienne ambassadrice américaine à l’ONU a inscrit le message “Achevez-les” sur un obus israélien. Une photo de cet instant, publiée sur le réseau social X par le député israélien Danny Danon qui accompagnait Mme Haley, a rapidement enflammé la toile.
Un message ambigu en plein conflit
Si Nikki Haley n’a pas précisé à qui était destiné ce message pour le moins guerrier, le député Danon a suggéré indirectement qu’il visait le Hezbollah libanais. Mais dans le contexte actuel de vives tensions, beaucoup y ont vu un appel à achever les Palestiniens. D’autant que cette photo a été publiée au lendemain d’un bombardement israélien meurtrier sur un camp de déplacés à Rafah, dans la bande de Gaza, qui a fait 45 morts dont de nombreux civils.
Une posture ambiguë de l’administration Biden
Aux États-Unis, ce drame a suscité un tollé et renforcé les critiques contre la politique étrangère de Joe Biden, jugée trop favorable à Israël. Beaucoup demandent à l’administration américaine de revoir son soutien quasi inconditionnel à l’État hébreu. Mais pour l’instant, la Maison Blanche campe sur ses positions, affirmant ne pas voir d’opération terrestre majeure à Gaza qui justifierait un changement de cap.
Nikki Haley, une faucon pro-Israël en quête de lumière
Pour Nikki Haley, qui a dû jeter l’éponge dans la course à l’investiture républicaine pour 2024 après sa déroute face à Donald Trump, ce déplacement en Israël est l’occasion de revenir sous les projecteurs. Connue pour ses positions très fermes, l’ex-gouverneure de Caroline du Sud s’est toujours affichée comme une amie indéfectible d’Israël, n’hésitant pas à prendre fait et cause pour l’État hébreu à l’ONU. Un positionnement qui plaît à la base la plus conservatrice du parti républicain.
Mon amie l’ancienne ambassadrice a écrit “Achevez-les”. Israël doit prendre l’initiative et changer la donne.
– Danny Danon, député israélien et ex-ambassadeur à l’ONU
Mais sa petite phrase inscrite sur un obus tranche avec la retenue habituellement de mise chez les dirigeants, surtout dans une région explosive. Un message guerrier qui risque d’exacerber un peu plus les tensions au Proche-Orient. Visiblement plus à l’aise dans l’invective que dans la diplomatie, Nikki Haley en fait-elle trop ? En tout cas, sa photo en Israël a plus des allures de buzz raté que de coup politique réussi.
Indignation internationale après le bombardement de Rafah
Le timing de ce déplacement et de ce message maladroit interroge aussi, alors que la communauté internationale est sous le choc après le bombardement meurtrier du camp de Rafah ce weekend. De nombreux pays et organisations, y compris les plus proches alliés d’Israël, ont vivement condamné cette frappe et appelé à une désescalade immédiate.
- L’ONU parle de possibles “crimes de guerre” et réclame une enquête indépendante.
- Le chef de la diplomatie européenne évoque “une réponse disproportionnée et inacceptable”.
- La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne appellent toutes les parties à la “retenue”.
Même les États-Unis, soutien le plus fidèle d’Israël, se sont dits “profondément préoccupés” par ce drame et ont enjoint à l’État hébreu de mieux protéger les civils. Mais les appels répétés à la désescalade semblent pour l’instant peu entendus sur le terrain, où les échanges de tirs se poursuivent.
Vers une dangereuse escalade ?
Beaucoup craignent une aggravation du conflit, déjà l’un des plus meurtriers de ces dernières années. Depuis le début de l’opération israélienne contre le Jihad islamique il y a une semaine, au moins 130 Palestiniens ont été tués à Gaza selon un dernier bilan. Côté israélien, les sirènes d’alerte retentissent régulièrement dans les localités entourant l’enclave palestinienne, touchées par les roquettes des groupes armés.
Dans ce contexte explosif, le message belliqueux de Nikki Haley passe donc très mal. Loin d’apaiser les tensions, il illustre la ligne dure du camp pro-israélien qui refuse tout compromis. Une posture guerrière dangereuse qui pourrait précipiter la région dans une spirale incontrôlable. Le chemin de la paix semble décidément encore bien long et semé d’embûches au Proche-Orient.