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L’euthanasie belge : un avertissement pour la France ?

Alors que la France s’apprête à légiférer au pas de course sur la délicate question de la fin de vie, l’expérience belge en matière d’euthanasie, forte de 20 ans de recul, devrait inciter les députés à la plus grande prudence. En effet, si la loi belge adoptée en 2002 partait d’une volonté louable d’encadrer la fin de vie, force est de constater aujourd’hui certaines dérives préoccupantes.

La Belgique, pionnière de l’euthanasie en Europe

Premier pays européen à avoir légalisé l’euthanasie en 2002, la Belgique a ouvert la voie à une évolution sociétale majeure. Le processus législatif, bien que controversé, s’est voulu rigoureux et à l’écoute des différentes sensibilités, comme l’explique Alain Destexhe, sénateur honoraire belge :

Le législateur belge a pris son temps. Déposée fin 1999 au Sénat, la proposition de loi visant à légaliser l’euthanasie émanait de parlementaires socialistes et libéraux. L’Assemblée s’est donnée plus d’un an pour aboutir, procédant chaque semaine à de longues auditions.

– Alain Destexhe, sénateur honoraire belge

Mais près de 20 ans après l’adoption de la loi, le débat reste entier. Car si l’euthanasie n’est pas remise en cause dans son principe, son application soulève des interrogations.

Une hausse constante et des dérives inquiétantes

Première source d’inquiétude : la hausse constante du nombre d’euthanasies pratiquées chaque année en Belgique. En 2023, 21% des actes concernaient des personnes dont le décès n’était pas attendu à brève échéance, contre seulement 4% en 2012. Les garde-fous posés par la loi semblent de moins en moins respectés, ouvrant la porte à des dérives :

  • Des personnes atteintes de maladies graves mais non terminales euthanasiées
  • 89 euthanasies pour troubles psychiques en 2023, notion sujette à interprétation
  • Des cas médiatisés choquants comme celui d’une femme de 23 ans, rescapée mais traumatisée des attentats de Bruxelles
  • Un contrôle insuffisant : un seul cas transmis au parquet en 20 ans sur 33 613 euthanasies déclarées

Les revendications des pro-euthanasie

Loin de remettre en question ces dérives, les militants pro-euthanasie poussent au contraire pour aller toujours plus loin dans la libéralisation. Extension aux mineurs en 2014, restrictions de la clause de conscience des médecins en 2020… La pente glissante redoutée par certains semble bel et bien se confirmer.

Quels enseignements pour la France ?

Face à ces constats alarmants, la France aurait tout intérêt à analyser en profondeur l’expérience belge avant de se lancer dans une évolution législative majeure et irréversible. Comme le souligne Alain Destexhe :

Sur la fin de vie, plus encore que sur d’autres sujets de société, «il faut donner du temps au temps».

– Alain Destexhe, sénateur honoraire belge

Car derrière l’apparente bonne volonté de légiférer pour mieux encadrer la fin de vie, c’est bien le risque de dérives dangereuses et d’une banalisation de l’euthanasie qui se profile. Un risque que les députés français ne peuvent ignorer au moment de trancher sur ce sujet éminemment sensible.

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