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L’Europe politique : un paysage complexe et fragmenté

Si le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne, le paysage politique du continent ressemble plus que jamais à un jardin à l’anglaise. Bordures floues, alliances mouvantes et friches idéologiques abondent de l’Atlantique à l’Oural. Un labyrinthe où s’entremêlent paradoxes et jeux de pouvoir.

Une extrême droite divisée

La rupture entre le Rassemblement national français et l’AfD allemande illustre bien cette complexité. Si elle clarifie la position de Marine Le Pen, elle complique aussi sa tâche à Strasbourg. Le compagnonnage avec une formation clairement d’extrême droite était devenu embarrassant dans sa stratégie de normalisation. Mais une AfD forte, c’était la garantie d’un groupe ID puissant au Parlement.

Désormais, la question des alliés se posera avec acuité pour le RN, d’autant que le groupe rival ECR compte les Espagnols de Vox et les Italiens de Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, à qui Marine Le Pen a rendu visite récemment. Frères d’Italie illustre d’ailleurs les subtils équilibres européens, ses élus siégeant à ECR malgré une rhétorique et un positionnement très à droite.

L’éternel casse-tête du centre

Au centre également, l’éparpillement prévaut. Entre Renew Europe, qui rassemble les centristes et les libéraux, et le PPE, qui penche de plus en plus à droite, les lignes de fracture sont nombreuses, notamment sur les questions de société et d’immigration. Et au sein même de ces groupes, les divergences nationales restent fortes.

En France par exemple, les élus Modem et Renaissance ne partagent pas toujours les mêmes vues. De même, les démocrates-chrétiens allemands de la CDU-CSU ont peu en commun avec les conservateurs hongrois du Fidesz, pourtant tous deux membres du PPE.

À gauche, des divisions persistantes

Même constat à gauche de l’échiquier, où les différentes sensibilités peinent à parler d’une seule voix. Entre les sociaux-démocrates du S&D, les Verts/ALE et la gauche radicale de GUE-NGL, les clivages idéologiques et stratégiques demeurent profonds, notamment sur les questions économiques et environnementales.

Le paysage politique européen ressemble plus à un jardin à l’anglaise qu’à un parc à la française. Partout les bordures sont mouvantes et les friches nombreuses.

Guillaume Tabard, Le Figaro

Si les élections européennes permettent de dégager de grandes tendances, elles ne doivent donc pas masquer la complexité des rapports de force au Parlement de Strasbourg. Loin d’être le simple reflet des situations nationales, la géopolitique européenne obéit à ses propres règles et subtilités.

Un système à la proportionnelle favorisant l’émergence de petites formations, des enjeux transnationaux transcendant les clivages traditionnels, des groupes parlementaires fonctionnant comme de véritables écosystèmes : autant de facteurs qui font de la politique européenne un fascinant labyrinthe. Un dédale où les alliances se font et se défont au gré des votes et des intérêts du moment.

Vers un paysage post-européen ?

Avec la montée des populismes et le Brexit, certains s’interrogent : assiste-t-on à une “renationalisation” progressive du débat politique européen ? Les partis eurosceptiques, voire europhobes, sont-ils en passe de l’emporter ? Rien n’est moins sûr.

Car parallèlement, l’opinion publique n’a jamais été aussi attachée à l’euro et aux libertés de circulation. Et les crises récentes, de la pandémie à la guerre en Ukraine, ont plutôt renforcé la conscience d’un destin commun. Preuve que l’Europe politique, avec toutes ses contradictions, a encore de beaux jours devant elle.

  • La plupart des citoyens soutiennent l’appartenance de leur pays à l’UE
  • 68% des Européens se sentent citoyens de l’Union
  • La défense et la politique étrangère commune progressent

Alors, jardin à l’anglaise ou parc à la française ? Une chose est sûre : dans le grand labyrinthe politique européen, il est plus que jamais essentiel de savoir lire entre les lignes et décoder les subtils jeux d’alliances. Pour ne pas se perdre et, peut-être, réinventer la démocratie à l’échelle du continent.

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