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L’Europe Face aux USA : Trouver sa Place en Tant qu'”Adulte”

L'ancien président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker appelle l'Europe à affirmer sa souveraineté face aux États-Unis, quel que soit le prochain locataire de la Maison Blanche. Une relation à construire d'égal à égal, avec fermeté et...

Alors que l’élection présidentielle américaine approche à grands pas, l’Europe s’interroge sur l’avenir de sa relation avec les États-Unis. Faut-il redouter le retour éventuel de Donald Trump à la Maison Blanche ? Comment aborder ce partenariat transatlantique crucial dans les années à venir ?

L’Europe appelée à affirmer sa souveraineté

Pour Jean-Claude Juncker, ancien président de la Commission européenne, la réponse est claire : l’Europe est “adulte” et doit aborder sa relation avec Washington sans crainte, en faisant preuve de fermeté. Lors d’un entretien accordé à l’AFP, il explique :

Nous ne sommes pas comme des souris devant le chat Trump. Il faut une relation d’égal à égal entre les États-Unis et l’Europe.

Jean-Claude Juncker, ancien président de la Commission européenne

Même en cas de retour de Donald Trump au pouvoir, ce qui suscite une certaine fébrilité à Bruxelles, M. Juncker appelle à garder son calme. Fort de son expérience, lui qui avait réussi à désamorcer une guerre commerciale entre l’UE et les États-Unis en 2018 malgré une relation “tumultueuse” avec le milliardaire new-yorkais, il sait qu’il faut allier “politesse” et “fermeté ne laissant aucune place aux ambiguïtés” pour se faire entendre.

Une Europe unie et déterminée

Jean-Claude Juncker le rappelle : les grandes puissances comme les États-Unis, la Russie ou la Chine ont toujours tenté de diviser les Européens pour mieux régner. Face à cela, le mot d’ordre est clair :

Il faut consolider les politiques européennes, il faut montrer aux Américains que les Européens, sur l’essentiel des choses et sur les problèmes qui apparaîtront à l’horizon, ont une même attitude.

Jean-Claude Juncker, ancien président de la Commission européenne

L’unité et la détermination européennes seront essentielles, quel que soit le prochain locataire de la Maison Blanche. Car si Kamala Harris venait à être élue, elle aussi “défendra avec détermination les points de vue américains”, prévient M. Juncker. Une relation “amicale” certes, mais pas exempte de conflits d’intérêts.

Un lien distendu à retisser

Autre défi pour l’Europe : renouer le dialogue avec une Amérique qui semble s’être éloignée du Vieux Continent ces dernières années. Selon un diplomate européen cité par l’AFP, Kamala Harris n’a pas le même “background européen” que Joe Biden. Quant à Donald Trump, “contrairement aux autres présidents américains”, il n’avait “aucune relation ni de cœur ni de raison avec l’Europe”, relève Jean-Claude Juncker.

L’ex-président américain voyait même l’Union européenne comme une “machine de guerre inventée par les Européens pour réduire l’influence américaine dans le monde”. Un a priori qu’il faudra déconstruire patiemment pour bâtir un partenariat équilibré et constructif, au service des intérêts communs.

Renforcer la défense européenne

Enfin, les Européens devront répondre à une demande récurrente de Washington : accroître leurs efforts en matière de défense. Jean-Claude Juncker l’assure, porter les dépenses militaires à 2% du PIB “restera la principale exigence que les Américains nous adresseront, que le président s’appelle Harris ou Trump”.

Un impératif qui pousse l’Europe à prendre davantage en main sa propre sécurité, comme en témoignent les récentes avancées sur le projet de “boussole stratégique”. Tout en préservant le lien transatlantique, l’UE entend ainsi gagner en autonomie et en crédibilité sur la scène internationale.

Vers une relation transatlantique renouvelée

Quel que soit le résultat des urnes en novembre prochain, une chose est sûre : la relation entre l’Europe et les États-Unis est à un tournant. Pour relever les défis du 21e siècle, de la lutte contre le changement climatique à la régulation de l’intelligence artificielle en passant par la gestion des crises internationales, une coopération étroite entre les deux rives de l’Atlantique reste plus que jamais nécessaire.

Mais cette coopération devra se faire sur un pied d’égalité, dans le respect mutuel et avec la volonté commune de défendre un certain modèle de société. C’est à ce prix que l’Europe et les États-Unis pourront continuer à peser dans un monde de plus en plus multipolaire et instable. Un défi immense, qui appelle une Europe “adulte”, consciente de ses atouts et de ses responsabilités. Le message de Jean-Claude Juncker est clair : il est temps pour le Vieux Continent d’assumer pleinement son rôle sur la scène mondiale, sans complexe ni naïveté.

L’avenir des relations transatlantiques se jouera donc autant à Bruxelles et dans les capitales européennes qu’à Washington. Un test grandeur nature pour une Union européenne en quête de souveraineté et de leadership. Mais aussi une formidable opportunité de renouveler un partenariat historique, en l’adaptant aux réalités du monde d’aujourd’hui et de demain. L’Europe saura-t-elle saisir cette chance ?

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