À la COP29 qui se tient actuellement à Bakou en Azerbaïdjan, tous les regards sont tournés vers l’Union européenne. Perçue comme un acteur clé pour forger un compromis financier entre pays développés et en développement, l’UE multiplie les initiatives en coulisses pour faire avancer les négociations. Un rôle d’autant plus crucial après l’élection de Donald Trump qui fait craindre un désengagement américain.
L’Europe, premier bailleur de la finance climatique
Avec 28,6 milliards d’euros de financements publics en 2022 et 7,2 milliards mobilisés par le secteur privé, les pays de l’UE sont déjà les premiers contributeurs à l’aide climatique mondiale. Cela représente environ un tiers des fonds fournis par les pays développés pour aider les nations du Sud à réduire leurs émissions et s’adapter au réchauffement. Un engagement qui donne du poids à la voix européenne dans les négociations.
Nous continuerons à montrer la voie, et à accomplir notre juste part, et même davantage.
Wopke Hoekstra, commissaire européen chargé des négociations sur le climat
Mais face aux besoins immenses, l’Europe est sous pression pour faire encore plus, alors même que la rigueur budgétaire est de mise. Pour l’instant, elle se garde bien de dévoiler combien elle compte mettre sur la table à partir de 2025, préférant avancer ses pions diplomatiques.
Objectif doublement des financements
L’enjeu est de taille : il s’agit de s’accorder sur une nouvelle cible de financements en faveur des pays du Sud, pour les aider à développer les énergies renouvelables, des systèmes d’irrigation efficaces ou encore protéger leurs villes des catastrophes climatiques.
Selon des sources proches des négociations, un doublement au moins de l’objectif actuel de 100 milliards de dollars par an serait jugé crédible, avec une fourchette de 200 à 400 milliards évoquée. Un niveau que l’UE juge “possible” mais qui demandera de mobiliser des financements variés, publics et privés.
La Chine dans le viseur
Pour y parvenir, l’Europe veut convaincre la Chine, devenue premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, de mettre aussi la main au portefeuille. Des tractations sont en cours en ce sens, Pékin ayant fait un pas la semaine dernière en chiffrant pour la première fois publiquement son aide climatique aux pays du Sud.
C’est un pas important, surtout dans une COP difficile comme celle-là.
Un diplomate européen sous couvert d’anonymat
Garder le cap de la sortie des fossiles
Autre priorité pour l’UE : consolider l’accord historique arraché l’an dernier à la COP28 de Dubaï sur la “transition” vers la sortie des énergies fossiles. Un acquis âprement négocié qui n’est toujours pas digéré par les pays pétroliers, à commencer par l’Arabie saoudite.
Mais pour les Européens, c’est une ligne rouge. “Sur les fossiles, on ne peut pas se permettre de faire marche arrière”, a martelé Wopke Hoekstra. Un message relayé par plusieurs pays alliés au sein de la “high ambition coalition” montée par l’UE avec des pays du Sud volontaristes comme le Kenya ou les Palaos.
L’UE attendue au tournant
Réussir ce grand écart entre ambition climatique et réalisme financier, tel est le défi de l’Europe à la COP29. Avec en toile de fond, la pression des pays en développement pour qu’elle assume son leadership et ses responsabilités historiques en tant que vieux continent industrialisé.
Arrêtez d’essayer de faire porter le fardeau de la baisse des émission par les pays en développement.
Diego Pacheco, chef de la délégation bolivienne
L’UE parviendra-t-elle à jouer les équilibristes jusqu’au bout et arracher un accord ambitieux d’ici vendredi ? Réponse dans les prochains jours, pour ce qui s’annonce comme un test majeur de la diplomatie verte européenne. Les négociations entrent désormais dans le dur à Bakou, et l’Europe est plus que jamais attendue au tournant.