Une chambre forte de la taille d’un homme, louée discrètement en plein cœur de Paris. C’est la surprenante révélation faite ce lundi lors du procès sur le financement libyen présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Son ancien directeur de campagne, Claude Guéant, est au cœur des interrogations.
Un coffre-fort pour stocker des « documents confidentiels » ?
Selon des informations dévoilées à l’audience, Claude Guéant aurait loué à sept reprises entre mars et juillet 2007 un coffre-fort surdimensionné dans une agence BNP Paribas parisienne. Le motif avancé ? La nécessité de stocker des « documents confidentiels » qui « s’accumulaient » au QG de campagne.
Une explication qui peine à convaincre. La présidente du tribunal s’étonne : pourquoi ne pas avoir installé un simple coffre au QG ? « Ça m’a semblé plus simple », répond laconiquement l’ex-bras droit de Sarkozy, aujourd’hui âgé de 80 ans.
Des versements en liquide de Kadhafi ?
Mais pour l’accusation, ce coffre avait un tout autre usage : y entreposer les espèces versées par le dictateur libyen Mouammar Kadhafi pour financer illégalement la campagne du futur président français. Des valises de billets remises par l’intermédiaire Ziad Takieddine.
Claude Guéant s’en défend, arguant que la plupart de ses visites au coffre ont eu lieu après le second tour. « On voit bien que je n’ai pas puisé dans les prétendues espèces pour alimenter la campagne ! » lance-t-il à la barre.
Des documents étonnants dans le coffre
Interrogé sur la nature exacte des fameux « documents confidentiels », l’ancien ministre reste vague. Il évoque pêle-mêle un dossier sur des travaux dans l’appartement parisien de Sarkozy, des notes sur la « composition idéale du gouvernement », ou encore d’anciens discours du candidat datant de 2005-2006.
« Je ne comprends pas très bien comment un discours de M. Sarkozy de 2005 ou 2006, on a besoin de le mettre dans un coffre »
– La présidente du tribunal
Une « solution bien compliquée » pour des contenus en partie publics, souligne la magistrate, perplexe. « Il fallait bien que je les range quelque part, alors je les ai rangés là », se justifie Claude Guéant.
Sarkozy nie toute malversation
De son côté, Nicolas Sarkozy, qui comparaît sous bracelet électronique, assure n’avoir jamais été informé de la location de ce coffre par son directeur de campagne. Et de s’interroger : « Mais s’il avait eu quelque chose à cacher de frauduleux, est-ce que c’est raisonnable de réserver un coffre à son nom dans la première banque d’Europe ? »
Le procès doit faire la lumière sur ces troublants sous-entendus de financement libyen. Une affaire qui continue de secouer la Sarkozie des années après les faits. En attendant, le mystère du coffre-fort de campagne reste entier.