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L’étonnante justification de Rima Hassan après son vote contre la libération de Boualem Sansal

L'eurodéputée Rima Hassan soulève la polémique avec sa justification surprenante de son vote contre une résolution demandant la libération de l'écrivain emprisonné Boualem Sansal. Découvrez les dessous de cette affaire qui divise le Parlement européen...

Le vote d’une eurodéputée française contre la libération d’un écrivain algérien emprisonné fait polémique au Parlement européen. Rima Hassan, élue de la France Insoumise, a en effet refusé de soutenir une résolution transpartisane demandant la libération de Boualem Sansal, détenu en Algérie depuis la mi-novembre. Une position qui suscite l’incompréhension, y compris dans son propre camp politique.

Une justification qui laisse perplexe

Pour expliquer son vote, Rima Hassan a publié une série de messages sur les réseaux sociaux. Elle y accuse notamment Boualem Sansal, présenté par certains comme un « homme des lumières », de défendre en réalité des « thèses identitaires d’extrême droite » et de « stigmatiser les personnes exilées ». Des propos qui ont immédiatement suscité la polémique.

L’élue conteste également le fait que l’écrivain soit considéré comme « l’un des plus grands auteurs français » par le Rassemblement national, soulignant au passage qu’il « n’est français que depuis quelques mois ». Un argument surprenant de la part d’une représentante de la France Insoumise, parti qui se veut d’habitude très ouvert sur les questions d’immigration et de citoyenneté.

L’instrumentalisation du cas Sansal pointée du doigt

Rima Hassan affirme en outre ne pas s’opposer à la libération de Boualem Sansal en tant que telle, mais plutôt à « l’instrumentalisation qui est faite de son cas ». Selon elle, la résolution en sa faveur aurait été mise à l’agenda par « une coalition de la droite et de l’extrême droite », avec des amendements visant à « introduire la question de l’immigration algérienne ».

« L’instrumentalisation du cas de Sansal à des fins d’ingérence et d’escalade diplomatique avec un pays voisin de l’UE est grossière »

Rima Hassan, eurodéputée LFI

Des réactions indignées dans la classe politique

Cette prise de position a immédiatement fait réagir de nombreux responsables politiques. À droite comme à gauche, beaucoup dénoncent une forme de relativisme moral inacceptable face à la détention arbitraire d’un intellectuel. Certains y voient même une trahison des valeurs universalistes que devrait porter la gauche.

Au sein de la France Insoumise, si la ligne officielle est de soutenir la position de Rima Hassan, des voix dissonantes commencent à se faire entendre en coulisses. « Boualem Sansal est un prisonnier d’opinion, un écrivain libre. Le soutenir devrait être une évidence, au-delà des clivages partisans », confie ainsi un cadre du mouvement sous couvert d’anonymat.

L’état de santé de Boualem Sansal inquiète

Pendant ce temps, la situation de l’écrivain de 80 ans, lauréat de nombreux prix littéraires, suscite une inquiétude croissante. Ses proches font état d’une dégradation de son état de santé en détention et dénoncent des conditions de détention indignes. De nombreuses voix, d’intellectuels aux politiques en passant par des ONG, appellent à sa libération immédiate.

Le gouvernement français, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a exprimé sa « préoccupation » et dit suivre le dossier « avec la plus grande attention ». Mais beaucoup jugent cette réaction trop timide et en appellent à une pression diplomatique plus ferme sur les autorités algériennes.

Un symbole des tensions entre la France et l’Algérie

Au-delà du sort d’un homme, l’affaire Boualem Sansal est devenue le symbole des relations compliquées entre la France et son ancienne colonie. Alors que l’Algérie s’enfonce dans un régime de plus en plus autoritaire, les prises de position de la classe politique française sont scrutées de près et suscitent des crispations de part et d’autre de la Méditerranée.

Dans ce contexte, le vote de Rima Hassan apparaît pour beaucoup comme un faux pas politique, voire diplomatique. Il illustre en tout cas la difficulté pour certains élus de gauche à concilier la défense des droits humains avec la volonté de ne pas apparaître comme donnant des leçons à un pays du Sud.

Une chose est sûre : cette polémique n’a pas fini de faire parler d’elle et pourrait peser sur les débats à venir au Parlement européen concernant les relations avec l’Algérie. La pression va également s’accentuer sur les autorités françaises pour qu’elles obtiennent la libération de Boualem Sansal, devenu malgré lui un enjeu politique majeur.

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