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L’étiquetage alimentaire européen perd les consommateurs

"Le consommateur est tout bonnement perdu" : la Cour des comptes européenne tire la sonnette d'alarme sur l'étiquetage alimentaire. Découvrez les failles d'un système qui sème la confusion au lieu d'informer. Un constat accablant sur...

Une jungle. Voilà comment la Cour des comptes européenne qualifie le paysage de l’étiquetage alimentaire au sein de l’Union européenne (UE). Dans un rapport publié lundi, l’institution pointe du doigt les « lacunes inquiétantes » d’une législation qui perd les consommateurs dans un dédale de logos et d’allégations trompeuses. Décryptage d’un constat accablant.

Des centaines de logos, des règles non harmonisées

Premier problème soulevé par l’audit : la prolifération des systèmes d’étiquetage nutritionnel. Faute d’harmonisation entre les 27 pays membres de l’UE, ce ne sont pas moins de 4 logos différents qui coexistent actuellement :

  • Le Nutri-Score, adopté par l’Allemagne, la Belgique, la France, le Luxembourg et les Pays-Bas
  • Le logo Keyhole, en vigueur au Danemark, en Lituanie et en Suède
  • Le NutrInform Battery italien
  • Un « symbole du cœur » utilisé en Finlande

Cette coexistence « conduit à l’effet exactement opposé de celui recherché : semer la confusion plutôt qu’informer et guider », déplore Keit Pentus-Rosimannus, responsable de l’audit au sein de la Cour des comptes.

Des contrôles insuffisants et des sanctions peu dissuasives

S’il existe bien une série de règles européennes prévoyant la mention d’informations essentielles sur les denrées alimentaires, leur application laisse à désirer. L’audit révèle que les contrôles des États membres sont insuffisants et les amendes « pas toujours dissuasives ».

En Belgique par exemple, pas moins de 5 autorités sont compétentes en matière de contrôle de l’étiquetage : 2 au niveau fédéral et 3 au niveau régional. Un système complexe qui nuit à l’efficacité des vérifications.

Quand les vertus nutritionnelles cachent des produits ultra-transformés

Autre problème : les règles européennes autorisent à louer les vertus d’un produit sur un emballage même s’il contient par ailleurs une teneur élevée en matières grasses et en sucres. Un aliment riche en sel pourra ainsi se targuer d’être « riche en vitamine C » ou « en fibres ».

De même, les produits végétaux dits « botaniques », non évalués scientifiquement, peuvent arborer des promesses « potentiellement trompeuses » sur leurs effets sur la santé. Le rapport cite l’exemple d’un produit au ginseng prétendant favoriser le « tonus et la récupération musculaire ».

Végétarien, végétalien : une absence totale de définition

L’audit de la Cour des comptes relève enfin « l’absence de règles européennes concernant les labels végétariens et végétaliens », non définis dans la législation de l’UE. Un flou juridique dommageable pour les consommateurs suivant ces régimes alimentaires.

Origine des produits : un sujet qui divise

Si certains États membres comme l’Allemagne ou la France militent pour étendre l’obligation de mentionner l’origine des aliments, actuellement limitée au miel, à l’huile d’olive, aux viandes fraîches, aux œufs et aux fruits et légumes frais, la question divise les 27.

Des pays s’y opposent en effet, redoutant des conséquences pour leurs propres filières de production.

Vers un Nutri-Score européen obligatoire ?

Face à ces lacunes, l’ONG de défense des consommateurs Foodwatch plaide pour l’adoption du Nutri-Score comme « logo nutritionnel obligatoire à l’avant de l’emballage partout en Europe ». Une mesure d’harmonisation qui clarifierait le paysage de l’étiquetage alimentaire pour les 450 millions de consommateurs européens.

En conclusion, ce rapport de la Cour des comptes européenne met en lumière les défaillances criantes d’un système d’étiquetage alimentaire devenu une véritable jungle pour les consommateurs. Entre multiplication des logos, allégations trompeuses et manque de contrôles, il y a urgence à réformer en profondeur ce dispositif censé guider les choix alimentaires des Européens. Le chemin vers une information claire, fiable et harmonisée est encore long. Mais la santé des citoyens en dépend.

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