L’été 2024 s’annonçait radieux pour le tourisme français, porté par les Jeux Olympiques de Paris. Mais c’était sans compter sur une météo capricieuse, une dissolution surprise de l’Assemblée nationale et des difficultés de recrutement persistantes. Un cocktail détonnant qui donne des sueurs froides aux professionnels du secteur et à leurs saisonniers. Plongée dans les coulisses d’un été pas comme les autres.
Une météo qui joue les trouble-fêtes
Depuis le printemps, la météo joue au yoyo, alternant entre fraîcheur et précipitations. Un temps plus britannique que provençal qui pèse sur la fréquentation touristique. « Le printemps a déjà été perdu ainsi que les gros week-ends de mai », déplore Laurent Barthélémy, président de l’Umih Saisonniers. Les touristes boudent les terrasses et hésitent à réserver leurs vacances.
Seules exceptions : la Corse et le Sud-Est, qui tirent leur épingle du jeu grâce à un ensoleillement plus clément. Mais globalement, le début de saison est poussif. Un coup dur pour un secteur qui peine à se remettre de la crise sanitaire et qui doit faire face à l’envolée de ses coûts.
Des saisonniers pris en étau
Pour les extras, cette météo en dents de scie est synonyme de précarité accrue. Embauchés en prévision d’une saison dynamique, beaucoup se retrouvent avec des contrats écourtés et des revenus amputés. D’autant que le contexte économique et social n’incite pas à la consommation.
L’inflation et la faible progression des salaires ont rogné le pouvoir d’achat, en particulier celui des classes moyennes. La première victime a été le budget loisirs et vacances.
Laurent Barthélémy, président de l’Umih Saisonniers
Pour joindre les deux bouts, certains doivent cumuler les petits boulots ou recourir au chômage partiel. Une situation précaire qui nourrit le turn-over et complique le travail des employeurs.
Le casse-tête du recrutement
Car côté employeurs, l’équation est complexe. Il faut jongler entre des extras déjà embauchés dont on n’a pas besoin et les pénuries chroniques de main d’oeuvre qualifiée. Serveurs, cuisiniers, réceptionnistes… Les bras manquent pour faire tourner bars, restaurants et hôtels.
Pour attirer et fidéliser les saisonniers, certains misent sur des contrats plus longs, des formations ou des avantages en nature comme le logement. Mais la concurrence est rude et les viviers de recrutement s’assèchent, notamment avec la réforme contestée de l’assurance chômage.
Les JO en point d’interrogation
L’autre inconnue qui plane sur la saison, ce sont les Jeux Olympiques. Un événement planétaire censé doper la fréquentation touristique et offrir un bouquet final flamboyant à la saison. Encore faut-il réussir à recruter le personnel nécessaire pour accueillir ce surcroît de visiteurs.
Sans parler des mouvements sociaux qui pourraient perturber la fête. Les syndicats ont déjà prévenu qu’il n’y aurait pas de “trêve olympique” si le gouvernement restait sourd à leurs revendications, notamment sur les retraites. De quoi doucher l’enthousiasme des professionnels.
Une dissolution qui rebat les cartes
Enfin, la dissolution de l’Assemblée nationale, annoncée en plein coeur de l’été par le président Emmanuel Macron, a pris tout le monde de court. Une décision lourde d’incertitudes pour un secteur qui a besoin de visibilité pour investir et recruter.
Quelle sera la politique touristique de la future majorité ? Quelles mesures de soutien pour un secteur fragilisé ? Les élections législatives de septembre apporteront peut-être des réponses. Mais d’ici là, les professionnels devront naviguer à vue.
L’adaptabilité comme maître-mot
Face à ces défis multiples, les entreprises du tourisme font preuve de résilience et de créativité. Certaines misent sur une offre plus flexible et modulable pour s’adapter à une demande fluctuante. D’autres se diversifient vers des clientèles moins sensibles à la météo ou au contexte, comme le tourisme d’affaires.
Mais toutes ont un point commun : elles doivent rester agiles pour absorber les chocs et saisir les opportunités. Un exercice d’équilibriste qui demande des nerfs solides et une bonne dose d’optimisme. Car malgré les nuages qui s’amoncellent, les professionnels gardent espoir.
On sait que les français ont besoin de se détendre, de se ressourcer après une année éprouvante. Et quoi de mieux que de le faire dans nos belles régions ? On y croit !
Un hôtelier breton
Un optimisme vital pour traverser cet été pas comme les autres. Car au-delà des difficultés conjoncturelles, c’est l’avenir d’une filière clé de notre économie qui se joue. Celle qui fait rayonner la France dans le monde et qui contribue à notre art de vivre. Souhaitons-lui de surmonter cette zone de turbulences pour retrouver des cieux plus cléments.