Cet été 2024, un constat surprenant s’impose : les guêpes semblent plus nombreuses et visibles que jamais, en particulier dans les villes. Certains parlent même d’un “été à guêpes”. Mais cette impression est-elle fondée ou s’agit-il d’une simple perception ? Éléments de réponse avec Éric Darrouzet, expert des insectes sociaux.
Une prolifération des guêpes en ville ?
Si l’impression d’une présence accrue des guêpes est forte, la réalité est plus nuancée selon le chercheur. L’abondance ressentie dépend en effet fortement de la proximité d’un nid. Ainsi, deux voisins peuvent avoir une perception très différente du phénomène.
Néanmoins, le milieu urbain est particulièrement propice au développement des colonies de guêpes. En cause : une nourriture abondante, de l’eau à proximité et peu de prédateurs en comparaison des campagnes. Les guêpes trouvent en ville un habitat idéal pour construire leur nid et prospérer.
Un été chaud, plus de guêpes ?
Si la chaleur ne semble pas directement liée à l’augmentation des populations de guêpes, les températures extrêmes leur sont néfastes. « Les extrêmes – très chaud ou très froid – nuisent aux guêpes », explique Éric Darrouzet. Un hiver doux peut en revanche favoriser la survie des reines pendant l’hibernation.
Les guêpes, un indicateur de la biodiversité urbaine
Cette présence marquée des guêpes en ville révèle aussi l’importance de la biodiversité urbaine. Malgré une réputation de nuisible, la guêpe est en effet un maillon essentiel des écosystèmes, y compris urbains. Prédatrice d’autres insectes, elle contribue à l’équilibre de la faune en ville.
On peut aussi bien les voir sur un cadavre d’oiseau que sur une tarte dans une boulangerie.
– Éric Darrouzet, chercheur sur les insectes sociaux
Le chercheur rappelle que malgré les désagréments, la guêpe n’est pas agressive si elle ne se sent pas menacée. Quelques gestes simples permettent de limiter les risques de piqûre :
- Ne pas s’agiter en présence d’une guêpe
- Éviter les parfums sucrés qui les attirent
- Couvrir la nourriture, en particulier les aliments sucrés
- Poser des pièges à guêpes près des zones sensibles
En cas de nid problématique près de son habitation, il est recommandé de faire appel à un professionnel. Détruire soi-même une colonie peut s’avérer dangereux et contre-productif.
Cet été 2024 n’est donc probablement pas un “été à guêpes” au sens d’une prolifération exceptionnelle. Il met surtout en lumière l’étonnante capacité d’adaptation de cet insecte en milieu urbain et l’importance d’une cohabitation raisonnée entre l’homme et ce précieux auxiliaire de nos écosystèmes citadins.
