La chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie pourrait bien changer la donne en matière de menace jihadiste pesant sur la France. Selon des sources au sein des services de sécurité, le changement de situation dans le pays suscite de vives inquiétudes quant à un possible regain d’attractivité de la zone pour les jihadistes français.
Les Français en Syrie sous haute surveillance
Actuellement, environ 150 hommes et femmes de nationalité française, ainsi qu’au moins autant d’enfants, sont retenus dans les camps et prisons tenus par les Kurdes dans le nord-est syrien. Considérés comme les plus radicalisés, ces ressortissants sont des adhérents convaincus de l’État islamique (EI ou Daech) ayant choisi de rester sur place malgré la chute du « califat » en 2019.
Parallèlement, une centaine d’autres Français sont présents dans le nord-ouest du pays, zone rebelle sous contrôle du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Bien que s’étant mis en retrait ces dernières années, les services cherchent à savoir s’ils se sont remobilisés suite à la récente offensive victorieuse de HTS contre le régime.
L’ombre d’Omar Diaby
Parmi ces jihadistes français du nord-ouest syrien, une « petite cinquantaine » seraient liés à Omar Diaby alias Omar Omsen. Ce Franco-Sénégalais, devenu prêcheur radical, avait pris la tête dès 2013 d’une brigade composée principalement de jeunes Niçois. Malgré son arrestation par HTS en 2020, il reste dans le viseur des autorités françaises et américaines.
Le spectre d’une résurrection de l’EI
Mais la préoccupation majeure des services de renseignement concerne une possible recomposition de l’EI à la faveur des bouleversements en cours. Le groupe terroriste, défait militairement en 2019, pourrait profiter d’une Syrie en pleine recomposition pour se renforcer et relancer son projet de jihad global.
Les jihadistes français, dont les profils se sont beaucoup rajeunis ces dernières années, restent « pro-EI », rappelle une source sécuritaire.
L’attrait des « zones grises » pour les jihadistes
Les services de sécurité redoutent également un regain d’attractivité des zones de conflit syriennes pour de potentiels candidats au jihad. « Le renseignement intérieur français suit de près l’impact de la chute du régime syrien sur l’attractivité de la zone pour les ressortissants français qui voudraient faire le jihad », confie une source à l’AFP.
Si aucun départ n’a encore été documenté, la tentation des « zones grises », ces territoires échappant au contrôle étatique, pourrait s’avérer forte pour une mouvance jihadiste endogène en mal de projet depuis la chute de l’EI. Les derniers attentats et projets déjoués en France attestent de la persistance de cette menace.
Face à ces risques, les services antiterroristes français se tiennent plus que jamais en alerte. La surveillance des jihadistes français en Syrie comme de leur entourage dans l’hexagone est renforcée. L’enjeu : prévenir tout passage à l’acte sur le territoire national ou velléité de rejoindre les zones de jihad à l’étranger.