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L’Espagnol CAF Révolutionne le Tramway en France

Un géant espagnol défie Alstom sur le marché du tramway français avec une usine dynamique dans les Hautes-Pyrénées. Comment CAF redéfinit-il la mobilité urbaine ?

Imaginez une petite ville nichée au cœur des Hautes-Pyrénées, où une usine autrefois en déclin devient le fer de lance d’une révolution dans le transport urbain français. Cette histoire, c’est celle d’un géant espagnol qui, contre toute attente, s’impose face à un mastodonte comme Alstom. Dans les ateliers de Bagnères-de-Bigorre, des tramways modernes prennent forme, prêts à sillonner les rues de villes comme Marseille, Montpellier ou Tours. Comment une entreprise basque a-t-elle réussi à bouleverser le marché ferroviaire français ?

CAF : L’ascension d’un géant sur le marché du tramway

Le secteur ferroviaire français, longtemps dominé par un acteur historique, voit aujourd’hui un nouveau concurrent émerger avec force. Basée au Pays basque espagnol, l’entreprise Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF) s’est imposée comme un challenger sérieux grâce à une stratégie audacieuse et des investissements ciblés. Avec un chiffre d’affaires de 4,2 milliards d’euros en 2024, dont 56 % réalisé en Europe hors Espagne, CAF ne se contente plus de jouer les seconds rôles. Mais comment cette entreprise a-t-elle réussi à percer dans un marché aussi compétitif ?

Des racines basques à une ambition européenne

CAF, fondée à Beasain, a débuté comme un acteur modeste dans le secteur ferroviaire. Dans les années 1980 et 1990, l’entreprise traverse une période difficile, marquée par des incertitudes économiques. Mais un virage stratégique vers l’Amérique latine dans les années 2000 lui permet de se relancer. Fort de ce succès, CAF se tourne ensuite vers l’Europe, où elle réalise aujourd’hui la majeure partie de ses revenus. En France, son implantation s’accélère avec l’acquisition d’une usine à Bagnères-de-Bigorre entre 2008 et 2010, un site qui allait devenir le cœur de son offensive sur le marché des tramways.

« Quand on fournit des tramways à des villes comme Marseille ou Montpellier, on joue dans la cour des grands. Il faut être à la hauteur. »

Directeur de la filiale française de CAF

Cette ambition européenne s’est concrétisée par des investissements massifs et une stratégie de conquête méthodique. En 2017, CAF marque un tournant décisif en rachetant pour 75 millions d’euros une usine alsacienne à Reichshoffen, cédée par son concurrent direct pour des raisons réglementaires. Ce site, doté d’un bureau d’études et de 900 employés, devient une pièce maîtresse de la stratégie de l’entreprise.

Bagnères-de-Bigorre : Une usine au cœur de la stratégie

Au pied des Pyrénées, l’usine de Bagnères-de-Bigorre incarne le renouveau de CAF en France. Fondée en 1862 pour la fabrication de menuiseries, elle s’est reconvertie dans le ferroviaire avant de péricliter à la fin du XXe siècle. Lorsque CAF la rachète, le site est à l’agonie, avec des bâtiments en ruine et une activité au ralenti. Mais l’entreprise basque y voit une opportunité. En injectant 10 millions d’euros et en augmentant les effectifs de 80 à 223 employés en trois ans, CAF redonne vie à cette usine, qui devient une vitrine du savoir-faire de l’entreprise.

Aujourd’hui, Bagnères produit environ un tramway par mois, mais l’objectif est ambitieux : passer à trois ou quatre unités mensuelles dès la rentrée. Cette montée en cadence s’accompagne de recrutements massifs et d’investissements pour moderniser les infrastructures. Le site est désormais une usine satellite, étroitement liée à celle de Saragosse, à quatre heures de route, ce qui facilite la coordination logistique et technique.

Les chiffres clés de Bagnères-de-Bigorre

  • Investissement : 10 millions d’euros pour moderniser l’usine.
  • Effectifs : De 80 à 223 employés en trois ans.
  • Production : Objectif de 3 à 4 tramways par mois dès 2025.

Une concurrence acharnée avec le leader français

Le marché ferroviaire français est depuis longtemps dominé par un acteur incontournable, connu pour ses TGV et ses tramways. Mais CAF, avec sa persévérance et sa stratégie offensive, a réussi à grignoter des parts de marché. En 2022, l’entreprise décroche des contrats majeurs à Montpellier (224 millions d’euros) et Marseille (57 millions d’euros), suivis par un appel d’offres à Tours en 2023. Ces victoires, bien que modestes face à la domination historique de son rival, marquent une étape décisive.

CAF ne s’est pas contenté des tramways. L’entreprise s’est également positionnée sur des projets prestigieux, comme la rénovation des trains du RER A en 2020 et la fourniture des futurs Intercités pour les lignes Paris-Clermont et Paris-Toulouse. En collaboration avec son concurrent sur le RER B, CAF prouve qu’elle peut jouer dans la cour des grands, même sur des projets complexes.

Les défis de la montée en puissance

Avec le succès viennent les défis. CAF fait face à des retards de livraison, notamment sur les rames du RER B et les trains Intercités de la ligne Paris-Clermont. Ces contretemps, bien que fréquents dans l’industrie ferroviaire, mettent une pression accrue sur l’usine de Bagnères-de-Bigorre. Pour répondre aux attentes, l’entreprise doit non seulement accélérer sa production, mais aussi garantir une qualité irréprochable.

« Bagnères, c’est la vitrine du savoir-faire de CAF. Nos tramways doivent être livrés à temps et d’une qualité remarquable. »

Directeur de la filiale française de CAF

Pour relever ce défi, CAF mise sur l’innovation et la formation de ses équipes. Les investissements dans l’usine pyrénéenne permettent d’automatiser certaines étapes de production, tout en maintenant un savoir-faire artisanal pour les finitions. Les nouveaux employés, souvent recrutés localement, bénéficient de formations intensives pour répondre aux exigences du secteur.

Une stratégie d’expansion bien rodée

Le succès de CAF ne repose pas uniquement sur ses usines. L’entreprise a su diversifier son portefeuille en se positionnant sur des marchés variés, des tramways aux trains régionaux en passant par les métros. En France, elle a remporté des contrats à Nantes (2010), Besançon (2017) et Saint-Étienne (2017), consolidant ainsi sa présence dans le paysage ferroviaire hexagonal.

L’acquisition de l’usine de Reichshoffen a également joué un rôle clé. Avec son bureau d’études, ce site permet à CAF de concevoir des solutions sur mesure pour le marché français, tout en renforçant sa capacité de production. Cette stratégie d’ancrage local est essentielle pour gagner la confiance des collectivités et des opérateurs comme la SNCF.

Projet Ville/Ligne Année
Tramways Nantes 2010
Tramways Besançon 2017
Intercités Paris-Clermont 2019
RER B Paris 2020

L’avenir de CAF en France : Vers de nouveaux horizons

CAF ne compte pas s’arrêter là. L’entreprise attend avec impatience les résultats d’un appel d’offres à Grenoble et anticipe une reprise des commandes après les élections municipales de 2026. Avec une demande croissante pour des solutions de transport durable, les tramways de CAF, modernes et éco-responsables, sont bien positionnés pour répondre aux besoins des villes françaises.

En parallèle, CAF explore de nouvelles opportunités dans le domaine des trains à hydrogène et des technologies intelligentes pour les transports publics. Ces innovations pourraient non seulement renforcer sa position face à son rival, mais aussi redéfinir les standards du transport urbain en France.

Un modèle économique au service de l’emploi local

L’un des atouts majeurs de CAF est son impact positif sur l’emploi local. À Bagnères-de-Bigorre, la revitalisation de l’usine a permis de créer des centaines d’emplois, offrant une bouffée d’oxygène à une région économiquement fragile. Les recrutements, souvent locaux, favorisent l’intégration des habitants dans des projets d’envergure nationale.

En Alsace, l’usine de Reichshoffen joue un rôle similaire. Avec ses 900 employés, elle contribue à dynamiser l’économie régionale tout en renforçant la présence de CAF en France. Cette stratégie d’ancrage territorial est un argument de poids pour séduire les décideurs publics, souvent sensibles à l’impact économique des projets industriels.

Les enjeux de la mobilité durable

À l’heure où les villes françaises cherchent à réduire leur empreinte carbone, les tramways de CAF s’inscrivent dans une démarche de mobilité durable. Plus économes en énergie que les bus ou les voitures, ils offrent une alternative écologique pour désengorger les centres urbains. De plus, leur design moderne et leur confort séduisent les usagers, qui plébiscitent ces nouveaux modes de transport.

CAF ne se contente pas de produire des tramways. L’entreprise intègre des technologies avancées, comme des systèmes de gestion intelligente du trafic ou des matériaux recyclables, pour répondre aux exigences environnementales. Ces innovations pourraient donner à CAF un avantage compétitif dans les années à venir.

Pourquoi les tramways CAF séduisent-ils ?

  • Écologie : Réduction des émissions grâce à des moteurs efficaces.
  • Confort : Intérieurs spacieux et modernes pour les usagers.
  • Innovation : Technologies intelligentes pour une meilleure gestion du trafic.

Un concurrent qui bouscule les codes

En s’imposant comme le principal rival du leader français, CAF a su démontrer qu’innovation et persévérance peuvent bousculer un marché établi. Son modèle, qui combine investissements stratégiques, ancrage local et focus sur la qualité, fait de l’entreprise un acteur incontournable du secteur ferroviaire. Mais la route est encore longue, et les défis, comme les retards de livraison, rappellent que la concurrence dans ce secteur ne laisse aucun répit.

Pourtant, l’optimisme est de mise. Avec des projets en cours dans plusieurs villes et une stratégie d’expansion bien définie, CAF semble prêt à transformer durablement le paysage des transports publics en France. Bagnères-de-Bigorre, autrefois au bord de l’oubli, est aujourd’hui le symbole de cette ambition.

En conclusion, l’ascension de CAF illustre comment une entreprise étrangère peut s’imposer dans un marché dominé par un géant national. Grâce à ses usines dynamiques, ses innovations et son engagement local, CAF redéfinit les règles du jeu. Reste à savoir jusqu’où cette success-story basque ira dans les années à venir. Une chose est sûre : les tramways de CAF n’ont pas fini de faire parler d’eux.

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