Alors que la rentrée s’annonce, le gouvernement espagnol du socialiste Pedro Sánchez doit faire face à un défi de taille : une hausse spectaculaire des arrivées de migrants clandestins, principalement dans l’archipel des Canaries. Une situation qui place les autorités locales dans une position délicate, se sentant abandonnées par Madrid et l’Europe face à cette pression migratoire sans précédent.
Un afflux record de migrants aux Canaries
Ces derniers mois, pas un jour ne passe sans que les services de secours ne signalent l’arrivée d’une embarcation de fortune transportant des dizaines de migrants africains dans l’une des îles des Canaries, situées au large des côtes nord-ouest du continent africain. Un phénomène qui prend une ampleur inédite, au point que le président du gouvernement Pedro Sánchez a décidé d’effectuer de mardi à jeudi une tournée dans trois pays d’Afrique occidentale qui ont un rôle central dans ce domaine : la Mauritanie, la Gambie et le Sénégal.
Selon une source de la présidence du gouvernement espagnol, la Mauritanie est devenue ces derniers mois le principal point de départ des migrants. Le pays abrite actuellement quelque 200.000 réfugiés victimes de l’instabilité au Sahel, dont de très nombreux Maliens, qui sont des candidats potentiels à un départ vers les Canaries.
Des chiffres alarmants
Entre le 1er janvier et le 15 août de cette année, 22.304 migrants sont arrivés aux Canaries, contre 9.864 pour la même période de l’an dernier, soit une augmentation de 126%. Pour l’ensemble de l’Espagne, la hausse est de 66% (de 18.745 à 31.155). De plus, cette tendance à la hausse est appelée à s’accentuer d’ici à la fin de l’année, en raison de l’amélioration attendue des conditions de navigation dans cette zone de l’Atlantique.
Le chiffre record de 39.910 arrivées enregistré l’an dernier sera donc probablement pulvérisé, confirmant que cette route de l’Atlantique vers les Canaries est devenue la voie d’accès principale des migrants vers l’Espagne, malgré son extrême dangerosité, qui provoque chaque année la mort de milliers d’entre eux. L’arrivée des premiers migrants dans l’archipel remonte à août 1994.
Des Canaries débordées et en quête de soutien
Face à cet afflux, le président du gouvernement régional des Canaries, Fernando Clavijo a exhorté l’UE vendredi à prendre ses responsabilités, “afin que les Canaries n’aient pas à supporter seules toute la pression migratoire de l’Europe”, parce que ces migrants “arrivent en Europe, en Espagne, et pas seulement aux Canaries”.
« Aux Canaries, le gouvernement régional doit actuellement subvenir aux besoins de 5.100 mineurs étrangers, alors que la capacité de ses centres d’accueil n’est que de 2.000 personnes. La situation est similaire à Ceuta. »
Yahoo/AFP
Une diplomatie africaine pour endiguer les départs
À travers sa tournée africaine, Pedro Sánchez espère nouer des accords avec la Mauritanie, la Gambie et le Sénégal pour les aider et les inciter à redoubler d’efforts afin d’empêcher ces départs. Une démarche cruciale alors que le profil des candidats à l’exil se diversifie, avec une part grandissante de réfugiés fuyant les conflits.
Mais la valeur totale de ces potentiels accords reste inconnue, tout comme leur capacité à véritablement endiguer ce flux migratoire exponentiel. Car au-delà de l’aide espagnole, c’est un véritable plan d’action européen coordonné qui semble nécessaire pour faire face à ce défi qui ne cesse de s’amplifier aux portes de l’Europe.
En attendant, les Canaries, en première ligne, redoutent de devoir affronter seules les conséquences de cette crise migratoire qui s’annonce déjà comme l’un des grands défis de cette rentrée pour le gouvernement espagnol. Une situation critique qui ne manquera pas de raviver les tensions sur la question de la solidarité européenne en matière d’accueil des migrants.
