Alors que le conflit en Ukraine continue de faire rage, la question épineuse de l’envoi de troupes étrangères sur le territoire ukrainien divise les pays européens. Si le Royaume-Uni s’est dit prêt à franchir le pas si nécessaire, l’Espagne et l’Allemagne se montrent bien plus réservées, estimant qu’il est encore « trop tôt » pour envisager un tel déploiement tant qu’une paix durable n’est pas rétablie dans la région.
L’Espagne appelle à la prudence et au dialogue
Lors d’une conférence de presse lundi, le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares a déclaré sans ambages qu’il était prématuré d’évoquer l’envoi de soldats espagnols en Ukraine : « Il est trop tôt pour le moment pour parler de déploiement de troupes en Ukraine. Il n’y a pas de paix actuellement et l’objectif de la diplomatie doit être d’y parvenir dès que possible », a-t-il martelé à l’issue d’un entretien avec son homologue brésilien Mauro Vieira.
Le chef de la diplomatie espagnole a insisté sur la nécessité de définir clairement la mission et le cadre d’un éventuel déploiement militaire : « Quand nous aurons la paix, alors il faudra voir quelles conditions elle exige. Quand on parle de déploiement de forces armées, il faut voir quelle est leur mission, qui peut la constituer, sous quel drapeau, avec quel mandat », a-t-il précisé.
Le scepticisme allemand
De son côté, l’Allemagne s’est montrée tout aussi sceptique quant à l’envoi de troupes en Ukraine dans l’immédiat. Berlin juge « prématurées » les discussions à ce sujet, soulignant qu’il fallait d’abord « voir si et comment la paix, comme nous l’espérons, s’instaure en Ukraine ». Un point de vue qui tranche avec celui de Londres.
Le Royaume-Uni prêt à s’engager militairement
En effet, dimanche dernier, le Premier ministre britannique Keir Starmer avait affirmé sans détour que son pays était disposé à envoyer des soldats en Ukraine si cela s’avérait nécessaire, afin de « contribuer aux garanties de sécurité » pour ce pays. Il a également appelé les Européens à jouer un rôle accru au sein de l’Otan.
Dix dirigeants européens se concertent à Paris
C’est dans ce contexte que les dirigeants d’une dizaine de pays de l’Union européenne et de l’Otan se sont réunis lundi à Paris. L’objectif : définir une réponse commune pour assurer la sécurité du Vieux continent et faire face à « l’accélération » de l’action diplomatique américaine sur le dossier ukrainien, une attitude offensive qui a provoqué un certain émoi chez les Européens craignant d’être mis sur la touche dans les négociations.
Les tensions sont palpables entre les pays souhaitant intervenir rapidement et massivement, à l’instar du Royaume-Uni, et ceux prônant une approche plus mesurée et progressive, comme l’Espagne et l’Allemagne. Un véritable casse-tête diplomatique.
Comme l’a souligné une source diplomatique européenne
Si tous s’accordent sur la nécessité d’œuvrer en faveur d’une paix durable en Ukraine, le chemin pour y parvenir semble encore semé d’embûches et de divergences. Les prochaines semaines seront déterminantes pour voir si les Européens parviendront à parler d’une seule voix et à peser dans les futures négociations, ou s’ils se laisseront distancer par Washington et Londres. Un défi majeur pour la diplomatie du Vieux continent, qui devra faire preuve d’unité et de fermeté face aux enjeux colossaux que représente la résolution du conflit ukrainien.
