C’est un événement qui ne manquera pas de faire date dans les relations entre l’Espagne et la Palestine. Les Premiers ministres des deux pays, Pedro Sánchez et Mohammed Mustafa, se sont rencontrés ce jeudi à Madrid pour une réunion intergouvernementale d’une portée symbolique forte. Au menu de cette rencontre historique : la signature de quatre accords bilatéraux destinés à renforcer les liens entre les deux États.
Un engagement espagnol sans précédent envers la Palestine
Selon une source proche du gouvernement espagnol, cette réunion au sommet constitue un “symbole de l’engagement de l’Espagne vis-à-vis du présent et du futur de la Palestine”. En accueillant son homologue palestinien au palais de la Moncloa, la résidence officielle du chef du gouvernement, Pedro Sánchez a voulu marquer les esprits et réaffirmer avec force le soutien de Madrid à l’État palestinien.
Un soutien qui s’est concrétisé par la promesse d’une aide financière conséquente. L’Espagne s’est en effet engagée à “soutenir la Palestine à hauteur d’au moins 75 millions d’euros” au cours des deux prochaines années. Une enveloppe qui servira notamment à financer des projets dans les domaines du “travail, de l’éducation, de la jeunesse et de l’agriculture”, comme le stipulent les accords signés lors de la rencontre.
Vers une reconnaissance internationale de l’État palestinien ?
Mais au-delà de l’aide économique, c’est bien sur le plan diplomatique que l’Espagne entend peser. L’objectif affiché de cette réunion est de “contribuer à promouvoir le statut d’État de la Palestine au niveau international” et d'”encourager d’autres pays à suivre l’Espagne” dans sa reconnaissance officielle de la Palestine, intervenue le 28 mai dernier.
Une décision alors saluée par les autorités palestiniennes mais vivement critiquée par Israël, qui y a vu une atteinte au processus de paix. L’Espagne n’est toutefois pas isolée sur ce dossier, puisque l’Irlande, la Norvège et la Slovénie ont également franchi le pas ces derniers mois.
Pedro Sánchez, champion de la cause palestinienne en Europe
En organisant cette rencontre “sur un pied d’égalité, pour promouvoir la prospérité et le développement de nos sociétés”, selon les termes employés par Pedro Sánchez, l’Espagne entend clairement se positionner comme le fer de lance du soutien à la Palestine au sein de l’Union européenne.
Un rôle que le chef du gouvernement espagnol endosse avec d’autant plus de vigueur que les affrontements font rage depuis début octobre entre Israël et le Hamas à Gaza, mais aussi au Liban. Sur les réseaux sociaux, Pedro Sánchez a ainsi de nouveau appelé à un “cessez-le-feu immédiat” sur ces deux fronts.
Un conflit meurtrier qui divise la communauté internationale
Selon des sources proches du ministère de la Santé du Hamas à Gaza, au moins 44.056 Palestiniens auraient été tués depuis le début de la campagne militaire israélienne le 7 octobre dernier, déclenchée en représailles à une attaque sans précédent de commandos du Hamas en territoire israélien. Les autorités israéliennes font quant à elles état de 1.205 morts, principalement des civils, dans cette attaque et les affrontements qui ont suivi.
Un bilan humain terrifiant qui souligne l’urgence d’une solution politique, alors que la communauté internationale semble plus divisée que jamais sur la marche à suivre pour sortir de l’impasse. Dans ce contexte, la main tendue de l’Espagne à la Palestine prend une dimension toute particulière. Reste à savoir si cet accord bilatéral suffira à faire bouger les lignes d’un des conflits les plus enkystés de notre époque.