Connu pour son soleil radieux, ses plages de sable fin, sa gastronomie savoureuse et son patrimoine culturel d’exception, l’Espagne a toujours figuré parmi les destinations phares du tourisme mondial. Mais en 2024, le pays ibérique franchit un cap historique en accueillant pas moins de 94 millions de visiteurs étrangers sur son territoire. Un chiffre vertigineux qui propulse l’Espagne au coude-à-coude avec la France, leader incontesté du secteur jusqu’ici. Retour sur ce succès fulgurant et ses implications pour le royaume.
Une fréquentation record dopée par un contexte porteur
Après une année 2023 déjà exceptionnelle, où le pays avait franchi la barre des 85 millions de touristes internationaux, l’Espagne réalise à nouveau une performance remarquable en 2024. Les 94 millions de visiteurs accueillis représentent une hausse de 10% par rapport à l’an dernier. Une croissance vigoureuse portée par la reprise du tourisme post-pandémie, l’attrait intemporel des régions espagnoles et l’essor des compagnies aériennes low-cost reliant les grandes villes européennes aux aéroports ibériques.
Si ces chiffres impressionnants placent l’Espagne juste derrière la France et ses 98 millions de touristes en 2023, de nombreux observateurs prédisent que le royaume pourrait bien ravir la première place à l’Hexagone dès 2025. Une dynamique qui se traduira par des retombées économiques majeures pour le pays, les dépenses touristiques ayant déjà atteint la somme colossale de 126 milliards d’euros en 2024.
Un secteur touristique florissant, moteur de croissance
Dans un contexte économique européen morose, où la croissance peine à décoller dans de nombreux pays, l’Espagne fait figure d’exception. Selon les projections de la Banque d’Espagne, le PIB ibérique devrait progresser de 3,1% en 2024, contre seulement 0,8% pour la zone euro. Une performance qui doit beaucoup au dynamisme du tourisme, véritable locomotive de l’économie nationale.
Le tourisme représente près de 15% du PIB espagnol et génère plus de 2,8 millions d’emplois directs ou indirects. Un secteur vital pour notre pays, qui démontre une nouvelle fois sa résilience et son potentiel.
Isabel Gómez, ministre espagnole du Tourisme
Au-delà des chiffres, ce boom touristique sans précédent s’accompagne d’importants défis pour les territoires concernés. Surfréquentation de certains sites emblématiques, pression sur les infrastructures, hausse des prix de l’immobilier… Autant de problématiques qui suscitent des inquiétudes grandissantes au sein de la population.
Vers un tourisme plus durable et régulé ?
Face à ces enjeux, le gouvernement espagnol a décidé de prendre le taureau par les cornes en annonçant une série de mesures visant à mieux réguler les flux touristiques et leurs impacts. Parmi les dispositions phares, on retrouve :
- Une hausse significative de la fiscalité sur les locations touristiques type Airbnb, afin de favoriser l’accès au logement pour les résidents locaux.
- Une augmentation de la taxe sur les achats immobiliers réalisés par des non-résidents européens, pouvant aller jusqu’à 100% de la valeur du bien.
- Un plan d’investissement massif dans les transports publics des zones les plus fréquentées, pour désengorger les sites saturés.
- Des campagnes de promotion mettant en avant des destinations alternatives, hors des sentiers battus.
Si ces réformes font grincer des dents certains professionnels du secteur, beaucoup y voient un mal nécessaire pour assurer la pérennité d’une industrie florissante, mais qui doit impérativement se réinventer pour relever le défi de la durabilité. Rééquilibrer la répartition des flux dans l’espace et dans le temps, mieux intégrer les populations locales, préserver l’environnement… Tels sont les enjeux d’un tourisme espagnol qui se rêve leader, mais exemplaire.
Dans cette course au leadership touristique, la France conserve pour l’heure une mince avance. Mais l’Espagne, portée par une attractivité qui ne se dément pas et une volonté de construire un modèle vertueux, entend bien doubler son voisin hexagonal. La bataille fait rage, mais une certitude demeure : en France comme en Espagne, l’avenir du tourisme ne pourra s’écrire que dans le respect des hommes, des territoires et de la planète.
