Face à la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, le gouvernement espagnol vient de franchir un cap inédit. Jeudi dernier, le Conseil des ministres a adopté un « congé payé climatique » de quatre jours pour les salariés en cas d’alerte liée à un risque météorologique. Une mesure qui vise à adapter le droit du travail au contexte « d’urgence climatique » selon la ministre du Travail Yolanda Diaz.
Un dispositif novateur pour assurer la sécurité des travailleurs
Concrètement, ce congé payé climatique pourra être activé dès qu’une alerte sera émise par les autorités, que ce soit au niveau local, régional ou national. Les salariés concernés bénéficieront alors de quatre jours de congé, intégralement pris en charge par l’État. L’objectif est clair : éviter tout déplacement risqué en cas d’intempéries.
Cette initiative intervient un mois après les terribles inondations qui ont frappé le sud-est de l’Espagne, faisant 230 morts. À l’époque, plusieurs entreprises avaient été pointées du doigt pour avoir maintenu leur activité malgré l’alerte rouge de l’agence météorologique. Un débat s’était alors engagé sur la responsabilité des employeurs et le droit des salariés à ne pas s’exposer au danger.
Vers une nouvelle culture du risque en entreprise ?
Avec ce congé payé climatique, le gouvernement espagnol entend clarifier les règles. « À partir du moment où une autorité indiquera qu’il y a un risque dans les déplacements, les salariés devront s’abstenir d’aller travailler », a insisté la ministre Yolanda Diaz. Une façon de rappeler que la sécurité des travailleurs doit primer, quelles que soient les circonstances.
Mais au-delà de la gestion de crise, ce dispositif interroge sur la capacité des entreprises à s’adapter au changement climatique. Selon les experts, le coût des catastrophes naturelles pourrait doubler d’ici 2050. Face à ce constat, le ministre de l’Économie Carlos Cuerpo appelle à « progresser en termes de mobilisation, de financement et d’investissement pour être plus résilients. »
Un enjeu de responsabilité sociétale pour les entreprises
Si ce congé payé climatique est une première mondiale, il pourrait faire des émules. De plus en plus d’entreprises prennent conscience de leur rôle à jouer face à l’urgence climatique, que ce soit en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre ou en adaptant leur fonctionnement aux nouveaux risques.
En France, certaines sociétés ont déjà mis en place des plans de continuité d’activité en cas de catastrophe naturelle. D’autres réfléchissent à des solutions pour protéger leurs salariés, comme le télétravail généralisé en cas d’alerte météo. Des initiatives encore marginales, mais qui pourraient se multiplier à l’avenir.
Car au-delà des obligations légales, c’est bien d’une nouvelle culture du risque dont les entreprises vont devoir s’emparer. Un enjeu de responsabilité sociétale, mais aussi de performance et de résilience face aux défis du changement climatique. Le congé payé climatique espagnol ouvre la voie à cette prise de conscience. Aux entreprises maintenant de s’en saisir et de l’intégrer dans leurs pratiques.