Une nouvelle page s’écrit pour Notre-Dame de Paris. Après l’émotion et la mobilisation suscitées par l’incendie dévastateur d’avril 2019, l’heure est à la renaissance. Et cette renaissance passera notamment par l’art, comme vient de l’annoncer l’Élysée. La peintre Claire Tabouret, figure montante de l’art contemporain, a été choisie pour créer de nouveaux vitraux qui orneront plusieurs chapelles de la cathédrale.
Un projet artistique audacieux
Claire Tabouret, 43 ans, est connue pour ses œuvres figuratives puissantes et poétiques. Ses peintures grand format, souvent centrées sur des figures solitaires, explorent les thèmes de l’identité, de la mémoire et de la fragilité humaine. Un univers qui résonne particulièrement avec l’histoire et la symbolique de Notre-Dame.
Pour ce projet d’envergure, l’artiste collaborera avec les ateliers Simon-Marq, réputés pour leur savoir-faire ancestral en matière de vitraux. Ensemble, ils imagineront six grandes baies destinées à illuminer les chapelles sud de la nef. Un programme figuratif sur le thème de la Pentecôte, qui saura s’intégrer harmonieusement à l’architecture gothique tout en y insufflant une touche de modernité.
Imaginer les vitraux de demain
Créer des vitraux pour un monument aussi emblématique que Notre-Dame n’est pas une mince affaire. Il faut trouver le juste équilibre entre respect du lieu et liberté artistique, entre tradition et innovation. Un défi que Claire Tabouret semble prête à relever avec enthousiasme et sensibilité :
Je suis très honorée par cette commande exceptionnelle. J’ai à cœur de créer des vitraux qui sauront dialoguer avec la cathédrale, son histoire, sa lumière si particulière. Des vitraux ancrés dans notre époque, porteurs d’espoir et de spiritualité.
Claire Tabouret
Son projet, dévoilé à l’occasion d’une visite au chantier de Notre-Dame, semble en effet à la hauteur des attentes. Mêlant figures contemporaines et motifs inspirés de l’iconographie chrétienne traditionnelle, ses esquisses de vitraux promettent un résultat saisissant. De quoi réconcilier avec tact neuf et ancien, tout en offrant aux futurs visiteurs une expérience visuelle et spirituelle inédite.
Notre-Dame, au cœur des débats
Le choix de faire appel à une artiste contemporaine pour les vitraux de Notre-Dame ne fait pourtant pas l’unanimité. Certaines voix s’élèvent pour réclamer une restauration à l’identique de la cathédrale, voyant d’un mauvais œil toute tentative de modernisation. Une polémique qui n’est pas sans rappeler celle suscitée par les nouveaux vitraux d’Imi Knoebel à la cathédrale de Reims, ou encore la fresque de Anselm Kiefer à l’Panthéon.
Faut-il pour autant renoncer à inscrire Notre-Dame dans son époque ? Nombreux sont ceux qui, à l’image de Claire Tabouret, défendent la nécessité d’une création vivante et actuelle, respectueuse du passé sans être passéiste. Une cathédrale n’est-elle pas vouée à évoluer avec les siècles, à s’enrichir de nouveaux trésors artistiques ?
Un chantier culturel et spirituel
Au-delà des considérations esthétiques, ce projet de nouveaux vitraux revêt aussi une dimension symbolique et spirituelle forte. Comme le souligne le recteur de la cathédrale :
Reconstruire Notre-Dame, c’est aussi raviver sa vocation de lieu de prière et de culture, ouvert à tous. Ces vitraux seront une invitation à élever nos regards et nos âmes, à faire une expérience intérieure.
Mgr Chauvet, recteur-archiprêtre de Notre-Dame
Une manière de rappeler que le chantier de Notre-Dame, s’il mobilise des trésors d’ingéniosité technique et des moyens colossaux, est aussi et surtout une aventure humaine, culturelle, spirituelle. Un élan collectif qui doit rassembler croyants et non-croyants autour d’un joyau du patrimoine et d’un symbole national.
En ce sens, les futurs vitraux de Claire Tabouret seront bien plus que de « simples » créations artistiques. Véritables traits d’union entre passé et présent, entre tradition et modernité, entre art et foi, ils participeront pleinement à réenchanter Notre-Dame, à lui donner un nouveau souffle. Un pari audacieux, exigeant, mais ô combien stimulant.
Un rendez-vous à ne pas manquer
Les vitraux contemporains de Notre-Dame verront le jour d’ici fin 2026, selon le calendrier annoncé. D’ici là, Claire Tabouret et les maîtres verriers auront à cœur de relever ce défi artistique et spirituel hors-norme, sous le regard attentif et bienveillant des amoureux de la cathédrale.
Nul doute que l’inauguration de ces vitraux sera un moment fort, un rendez-vous à ne pas manquer pour les Parisiens comme pour les visiteurs du monde entier. L’occasion de découvrir Notre-Dame sous un nouveau jour, entre émerveillement et recueillement. Et de mesurer le chemin parcouru depuis l’incendie, grâce à la mobilisation et au talent de femmes et d’hommes passionnés.
D’ici là, gageons que le projet de Claire Tabouret saura susciter réflexions et débats passionnants sur la place de l’art contemporain dans les églises, sur le rôle des artistes dans la transmission du patrimoine, sur le dialogue fécond entre création et spiritualité. Autant de questions qui animent notre époque, et trouvent un écho particulier en ces temps de reconstruction.
Alors, rendez-vous fin 2026 pour découvrir les vitraux du renouveau, et avec eux, une Notre-Dame résolument tournée vers l’avenir. Une cathédrale qui, sans rien renier de son histoire et de son identité, continue de se réinventer et de nous émerveiller. Véritable mission que l’artiste Claire Tabouret semble prête à embrasser avec passion et humilité, pour nous offrir une œuvre à la hauteur de ce joyau intemporel.