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Les Ultra-Riches Captent 75 % des Richesses Mondiales

En 1995, les 56 000 personnes les plus riches possédaient 4 % du patrimoine mondial. Aujourd’hui ? Plus de 6 %. Et ce n’est que le début du rapport qui vient de tomber. Ce qui se passe ensuite avec les chiffres est absolument vertigineux…

Imaginez un stade de football rempli à ras bord… mais pas par des supporters. Par 56 000 personnes seulement. Ces 56 000 individus possèdent aujourd’hui plus de richesses que la moitié la plus pauvre de l’humanité réunie. Cette image, utilisée par les auteurs d’un rapport majeur publié cette semaine, donne le vertige. Elle résume à elle seule l’ampleur prise par les inégalités de patrimoine depuis trois décennies.

Un fossé qui ne cesse de se creuser depuis les années 1990

Depuis les années 1990, la concentration des richesses n’a fait que s’accélérer. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et ils sont implacables. Les 10 % les plus riches de la planète – soit 556 millions d’adultes – captent actuellement 53 % des revenus mondiaux et détiennent 75 % du patrimoine total. À l’opposé, les 50 % les plus pauvres – près de 2,8 milliards de personnes – doivent se partager 8 % des revenus et à peine 2 % du patrimoine.

Ces proportions, déjà choquantes, deviennent proprement sidérantes lorsqu’on regarde l’extrême sommet de la pyramide.

Les 0,001 % : une caste qui dépasse l’entendement

Les 0,001 % les plus riches représentent environ 56 000 adultes. Leur patrimoine cumulé dépasse aujourd’hui 6 % des richesses mondiales, contre environ 4 % en 1995. En trente ans, leur part a donc augmenté de plus de 50 %. Pendant le même temps, le patrimoine moyen de la moitié la plus pauvre de l’humanité a progressé… mais à un rythme deux fois plus faible que celui des ultra-riches.

Pour être concret : les milliardaires et centi-millionnaires ont vu leur fortune croître en moyenne de 8 % par an. Un rythme presque double de celui observé chez les 50 % les plus modestes.

« Les inégalités extrêmes de patrimoine augmentent rapidement »

Rapport sur les inégalités mondiales 2025

Pourquoi une telle accélération ?

Plusieurs facteurs se combinent. La financiarisation de l’économie, la baisse généralisée des taux d’imposition sur les très hauts patrimoines, l’explosion des valorisations boursières et immobilières haut de gamme, ainsi que la multiplication des montages d’optimisation fiscale ont joué un rôle déterminant.

Le rapport insiste particulièrement sur ce dernier point : les plus on est riche, moins on paie d’impôts proportionnellement. Un phénomène documenté dans de nombreux pays où le taux effectif d’imposition des ultra-riches tombe parfois sous celui des classes moyennes.

Et si on taxait enfin les grandes fortunes ?

Les auteurs avancent une piste concrète : un impôt minimum mondial sur les patrimoines supérieurs à 100 millions de dollars. Même avec des taux très modérés – entre 2 % et 5 % – cet impôt pourrait rapporter entre 503 et 1 256 milliards de dollars par an, soit entre 0,45 % et 1,11 % du PIB mondial.

Pour mettre cette somme en perspective, elle représente plus que le budget annuel de nombreux États. Elle pourrait financer des investissements massifs dans l’éducation, la santé ou la transition écologique.

À titre d’exemple :
• 2 % sur les fortunes > 100 M$ → environ 500 milliards $ par an
• 5 % sur les mêmes fortunes → plus de 1 200 milliards $ par an
Ces montants dépassent largement l’aide publique au développement mondiale actuelle.

Un choix politique, pas une fatalité

Le rapport le martèle : cette concentration extrême n’est pas une loi de la nature. C’est le résultat de choix politiques précis. Baisse des impôts sur les successions, allégements fiscaux sur les plus-values, tolérance accrue vis-à-vis des paradis fiscaux… Chaque décision a eu un impact mesurable sur la courbe des inégalités.

Inverser la tendance nécessiterait donc des décisions tout aussi volontaristes, mais dans l’autre sens. La coordination internationale apparaît comme le principal défi, tant les grandes fortunes ont la capacité de déplacer leurs actifs d’un pays à l’autre en quelques clics.

Que retenir de ces chiffres en chiffres ?

  • 75 % du patrimoine mondial est détenu par 10 % de la population
  • 6 % des richesses mondiales appartiennent à seulement 56 000 personnes
  • La moitié la plus pauvre possède 2 % du patrimoine total
  • Les ultra-riches ont vu leur fortune croître deux fois plus vite que les classes populaires depuis 30 ans
  • Un impôt mondial modeste sur les grandes fortunes pourrait rapporter jusqu’à 1 250 milliards de dollars par an

Ces données ne sont pas seulement des statistiques. Elles dessinent le visage d’un monde où la réussite de quelques-uns se fait au prix d’un appauvrissement relatif de milliards d’autres. Un monde où la mobilité sociale devient un mirage pour une partie croissante de la population.

Le débat sur la justice fiscale n’a jamais été aussi brûlant. Les chiffres sont là, irréfutables. Reste à savoir si les responsables politiques auront le courage de les regarder en face et d’agir en conséquence.

Parce qu’au rythme actuel, le stade de football risque de ne plus suffire à contenir tous ceux qui possèdent plus que la moitié de l’humanité…

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