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Les triangulaires aux législatives : un scrutin imprévisible

Un second tour des législatives totalement inédit se profile avec un nombre record de triangulaires. Dans cette configuration à trois candidats, l'issue du scrutin est plus que jamais incertaine. Quels sont les partis les mieux placés ? Quelles alliances vont se nouer ? Qui sera le vrai gagnant ? Analyse d'une situation politique...

Les élections législatives anticipées de 2024 entrent dans l’histoire avec un nombre inédit de triangulaires au second tour. Pas moins de 306 circonscriptions pourraient voir s’affronter trois candidats dimanche prochain, du jamais vu sous la Vème République. Une situation qui rend l’issue du scrutin plus incertaine que jamais et pourrait rebattre les cartes politiques.

Un seuil de qualification historiquement bas

Pour accéder au second tour des législatives, les candidats doivent habituellement réunir 12,5% des voix des inscrits. Mais avec une participation en forte hausse ce dimanche (66,71%), le pourcentage de suffrages exprimés nécessaire chute à environ 19%. Un seuil bien plus facile à franchir, permettant à de nombreux « troisièmes hommes » de se qualifier.

Résultat, on pourrait assister à un nombre record de triangulaires, voire de quadrangulaires (4 candidats en lice). Une configuration rarissime qui n’était plus arrivée depuis 1997 et ses 76 duels à trois. À l’inverse, en 2022, seules 8 circonscriptions avaient connu des triangulaires sur 577.

Consignes de vote et alliances de circonstance

Dans ce contexte si particulier, les consignes de vote et alliances de circonstance pourraient faire la différence. Jean-Luc Mélenchon (LFI) a ainsi appelé à ne laisser « aucune voix » au RN, quitte à se désister en faveur de l’adversaire le mieux placé. Une position également adoptée par Renaissance qui ne veut donner « aucun siège de plus » à l’extrême droite.

De son côté, Édouard Philippe (Horizons) demande à ses candidats éliminés de se retirer face au RN et LFI, et ce « même s’il faut voter communiste ». Des alliances à géométrie variable qui pourraient avantager la gauche, arrivée largement en tête au premier tour.

L’extrême droite en embuscade

Mais le piège pourrait venir du RN qui engrange 33,15% des voix dimanche et vise désormais la majorité absolue. Avec des réserves de voix potentiellement supérieures à celles de la NUPES, le parti de Jordan Bardella pourrait créer la surprise et s’imposer dans de nombreux scrutins.

Tout l’enjeu sera donc de savoir quels reports de voix s’opéreront dans les circonscriptions clés. Les électeurs de gauche suivront-ils les consignes de Jean-Luc Mélenchon ? La droite fera-t-elle barrage au RN comme le préconise Édouard Philippe ? Autant de questions qui laissent planer le doute sur l’issue de ce second tour si particulier.

Une triangulaire, c’est l’assurance d’un résultat imprévisible. Tout peut arriver, les jeux sont totalement ouverts.

Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos

Vers une Assemblée ingouvernable ?

Au final, ces triangulaires pourraient aboutir à une Assemblée nationale totalement morcelée, sans majorité claire. Un scénario catastrophe pour Emmanuel Macron qui verrait sa marge de manœuvre considérablement réduite pour faire passer ses réformes. Pire, l’hypothèse d’une cohabitation n’est plus à exclure si la NUPES ou le RN raflent la mise dimanche prochain.

Une Assemblée ingouvernable, des alliances contre-nature, l’extrême droite en force… Ces législatives s’annoncent déjà historiques. Et nul ne peut prédire à quoi ressemblera le paysage politique lundi matin. Une seule certitude, le suspense est à son comble pour ce second tour riche en rebondissements.

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