La tentative d’assassinat contre Donald Trump ce samedi 13 juillet a immédiatement enflammé les réseaux sociaux. L’ancien président américain blessé, le tireur abattu, une foule en délire : tous les ingrédients étaient réunis pour faire naître les théories complotistes les plus folles. En quelques heures, les hashtags #TrumpStagedIt, #BidenBehindTrumpAttack et #DeepStateTrumpHit se sont hissés en tête des tendances. Mais que se cache-t-il vraiment derrière cette déferlante conspirationniste ? Décryptage d’un phénomène viral et de ses possibles conséquences sur la campagne présidentielle de 2024.
Théorie numéro 1 : Une mise en scène orchestrée par Trump lui-même ?
À peine la nouvelle de l’attaque connue, des milliers d’internautes ont immédiatement crié au « complot ». Leur théorie ? Cet attentat ne serait qu’une mise en scène savamment orchestrée par Donald Trump et son équipe pour relancer sa campagne présidentielle en berne ces derniers mois. La vidéo devenue virale montrant l’ancien président ensanglanté mais combatif, levant le poing devant une foule en liesse serait l’élément clé de ce coup de communication.
« Trop parfaite pour être vraie », « Du grand Trump, un coup de maître », « Il sait comment manipuler les médias et l’opinion »
– Commentaires d’internautes persuadés d’une « TrumpPiracy »
Pourtant, aucun élément factuel ne vient étayer cette théorie. Les images de vidéosurveillance, les témoignages des forces de l’ordre et du public présent attestent de la réalité de la fusillade et de la blessure de Donald Trump. La mise en scène nécessiterait une opération d’une complexité impensable, impliquant des centaines de personnes dont la police elle-même. Un scénario hautement improbable.
Théorie numéro 2 : Un complot orchestré par Joe Biden pour éliminer son rival ?
Dans le camp opposé, on accuse le président démocrate Joe Biden d’avoir fomenté cet assassinat pour se débarrasser de son principal adversaire avant 2024. Des élucubrations allant jusqu’à imaginer une taupe des services secrets à la solde de la Maison-Blanche qui aurait infiltré l’équipe de sécurité de Trump.
« Joe savait qu’il n’avait aucune chance face à Trump l’année prochaine, fallait bien trouver une solution »
– Un partisan trumpiste persuadé de « l’option Biden »
Là encore, rien ne permet d’accréditer une telle thèse complotiste. Au contraire, Joe Biden s’est fendu d’un tweet pour condamner « un acte lâche » et souhaiter un « prompt rétablissement » à son adversaire. D’ailleurs, en admettant une telle machination, pourquoi ne pas aller au bout et s’assurer de la mort du principal opposant ? En l’état actuel, cette tentative d’assassinat semble plus nuire à Biden qu’autre chose.
Théorie numéro 3 : La piste de « l’État profond » et de QAnon…
Forcément, le mouvement complotiste QAnon avait aussi sa petite idée sur la question. Pour ses adeptes, cet attentat serait l’œuvre de l’État profond et des élites mondialistes voulant empêcher le retour de leur héros. Les preuves ? Des plus farfelues aux plus alambiquées, elles incluent le jeune âge du tireur « forcément manipulé », la présence d’un drapeau américain « trop bien placé » sur les images ou encore un improbable message codé de Q prédisant l’événement.
Bien-sûr, toutes ces allégations relèvent de la pure fantaisie conspirationniste. Le tireur, bien que jeune, semble avoir agi seul pour des motifs encore à éclaircir. Et les prétendus messages cachés de QAnon n’ont aucune réalité tangible. Mais cela n’empêche pas ces théories de séduire une partie de l’électorat trumpiste.
L’impact électoral potentiellement majeur des théories complotistes
Car au-delà de leur caractère farfelu, ces théories du complot autour de l’attentat contre Trump pourraient bien peser lourd dans la campagne présidentielle à venir. En dépit de leur irrationalité, elles trouvent une résonance forte chez les partisans les plus radicaux de l’ancien président. Renforcées par les chambres d’écho des réseaux sociaux, elles entretiennent un climat de défiance voire de paranoïa envers les institutions et les adversaires politiques.
Ce phénomène pourrait inciter Donald Trump a surfer sur la vague complotiste pour remobiliser sa base et gagner des électeurs. Déjà par le passé, il n’avait pas hésité à relayer des théories fumeuses comme celle de l’élection « volée » en 2020. Nul doute que les récents événements vont lui fournir un carburant conspirationniste rêvé pour électriser ses troupes.
Le risque d’une campagne délétère nourrie aux fake news
Le danger est de voir la campagne présidentielle de 2024 se transformer en pugilat téléguidé par les rumeurs et la désinformation. Si la machine à fake news trumpiste se met en branle, dopée aux théories complotistes autour de l’attentat, la démocratie américaine pourrait en sortir durablement abîmée. Comment débattre sereinement des vrais enjeux quand chaque camp suspecte l’autre des pires machinations ?
Face à ce risque, il apparaît crucial de tout mettre en œuvre pour endiguer la propagation virale des théories fumeuses en ligne. Cela passe par une modération renforcée des plateformes, une coopération accrue avec les fact-checkeurs mais aussi une sensibilisation des citoyens aux mécanismes de la désinformation. Un défi immense à l’heure où l’attentat contre Trump vient opportunément rallumer la mèche complotiste.
« La meilleure façon de contrer les théories du complot est de leur opposer des faits avérés, inlassablement. C’est le seul antidote à la déferlante complotiste »
– Katharina Heckendorn, chercheuse spécialiste des théories conspirationnistes
Seule la raison et l’attachement obstiné à la réalité peuvent nous permettre de traverser la tempête virale sans y laisser notre discernement démocratique. Cela demandera une vigilance de tous les instants dans les mois à venir. L’élection présidentielle de 2024 dépendra aussi de cette bataille cruciale contre les théories complotistes nées dans le sillage de l’attentat contre Donald Trump.
