Alors que l’inflation repart à la hausse aux États-Unis, la Réserve fédérale américaine (Fed) s’apprête à prendre une décision délicate lors de sa réunion des 14 et 15 décembre. Malgré ce rebond des prix, une nouvelle baisse des taux directeurs reste l’option la plus probable selon les analystes. Mais dans un contexte économique incertain, marqué par l’arrivée prochaine de Donald Trump à la Maison Blanche, la prudence sera de mise.
Un rebond de l’inflation qui ne devrait pas changer la donne
Après plusieurs mois d’accalmie, l’inflation est repartie à la hausse en novembre aux États-Unis. L’indice des prix à la consommation CPI a ainsi progressé de 2,7% sur un an, tandis que les prix à la production ont bondi au plus haut depuis près de deux ans. Des chiffres qui restent cependant loin de l’objectif de 2% visé par la Fed pour l’indice PCE, sa mesure favorite de l’inflation.
Malgré ces signaux inflationnistes, une majorité d’analystes table sur une baisse des taux d’un quart de point, qui les ramènerait dans une fourchette de 4,25%-4,50%. Selon eux, la Fed devrait accueillir favorablement ces données qui suggèrent que l’inflation reste sur une trajectoire vers les 2%, dans un contexte de croissance économique solide et de plein emploi.
Une décision à prendre avec prudence
Néanmoins, certains membres du comité de politique monétaire pourraient plaider pour un statu quo, jugeant les risques inflationnistes plus importants que ceux pesant sur l’emploi. Lors de sa conférence de presse, le président de la Fed Jerome Powell devra justifier avec tact une éventuelle baisse des taux dans cet environnement de prix plus tendus que prévu.
La Fed actualisera également ses prévisions économiques, avec sans doute une révision à la hausse de l’inflation mais aussi de la croissance, portée par la vigueur de la consommation. Elle devrait en revanche prévoir moins de baisses de taux en 2025, au vu de l’incertitude entourant les futures politiques économiques de Donald Trump.
Les défis à venir de la politique monétaire américaine
L’arrivée du nouveau président républicain fait en effet planer la menace de mesures potentiellement inflationnistes : dérégulation, baisses d’impôts, hausse des droits de douane… Autant de changements qui compliqueront la tâche de la Fed dans les mois à venir et pourraient l’obliger à resserrer plus vite que prévu sa politique monétaire.
En parallèle, Jerome Powell aura à cœur de défendre l’indépendance de son institution face à un Donald Trump qui a déjà exprimé son souhait d’avoir son mot à dire sur la politique monétaire. Si le futur secrétaire au Trésor semble vouloir une relation apaisée avec la Fed, la pression politique promet d’être forte.
Dans ce climat d’incertitude, la réunion de décembre constituera un premier test pour la Réserve fédérale. Les marchés scruteront le message de Jerome Powell, en quête d’indices sur la trajectoire future des taux mais aussi d’un engagement clair à préserver l’autonomie de la banque centrale. Une autonomie plus que jamais essentielle pour maintenir la confiance et la stabilité économique.