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Les Talibans Exécutent Un Homme En Public Pour La Sixième Fois Depuis 2021

Dans un stade de l'est de l'Afghanistan rempli de milliers de personnes, les autorités talibanes ont exécuté publiquement un homme condamné pour meurtre, ce qui en fait la sixième exécution de ce type depuis leur retour au pouvoir en 2021. Cette pratique controversée soulève de vives inquiétudes sur la situation des droits humains dans le pays...

Au cœur d’un stade de football bondé dans l’est de l’Afghanistan, les autorités talibanes ont orchestré mercredi l’exécution publique d’un homme condamné pour meurtre. Cet événement marquant, qui s’est déroulé dans la matinée à Gardez, capitale de la province de Paktia, constitue la sixième exécution de ce type depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021.

Devant les milliers de spectateurs venus assister à cette scène, l’homme a été abattu de trois balles, suscitant des réactions mitigées. Certains, comme Sayedullah, y voient l’accomplissement d’un ordre divin : “C’est un ordre de Dieu, nous sommes musulmans et nous devons l’accomplir”. D’autres, à l’instar de Mobin, estiment que cette pratique aura des “bénéfices”, dissuadant quiconque de commettre un meurtre à l’avenir.

Un événement orchestré par les plus hautes autorités

Loin d’être improvisée, cette exécution publique a été soigneusement planifiée par les autorités talibanes. La veille, le gouvernorat avait lancé un appel sur les réseaux sociaux, invitant les habitants à “participer à l’événement”. Plusieurs ministres et responsables provinciaux étaient d’ailleurs présents dans le stade lors de l’exécution.

L’ordre d’exécution lui-même émanait du plus haut sommet de la hiérarchie talibane, puisqu’il a été signé par nul autre que le chef suprême des talibans, l’émir Hibatullah Akhundzada, qui gouverne le pays par décrets depuis son fief méridional de Kandahar.

Un processus judiciaire minutieux

Selon la Cour suprême, le dossier du condamné avait été examiné “très minutieusement et à plusieurs reprises” par des tribunaux de différentes instances avant que l’exécution ne soit ordonnée. La famille de la victime avait également été consultée pour savoir si elle accordait son pardon, mais face à son refus, la sentence a été appliquée en vertu du principe islamique de “qisas” ou loi du talion.

C’est d’ailleurs un membre masculin de cette famille qui s’est vu remettre une arme dans le stade pour tirer à trois reprises sur le condamné, reconnu coupable d’un meurtre perpétré avant la prise de pouvoir des talibans.

Le retour d’une pratique courante sous le premier régime taliban

Si ces exécutions publiques choquent aujourd’hui, elles étaient monnaie courante lors du premier régime taliban entre 1996 et 2001. Les condamnés étaient alors le plus souvent tués par balle ou lapidation, selon les crimes reprochés. L’image la plus marquante reste sans doute celle de l’exécution d’une femme portant la burqa dans un grand stade de Kaboul en 1999, devant des milliers de spectateurs, pour avoir tué son époux.

Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les autorités procèdent régulièrement à des flagellations publiques pour d’autres crimes, comme le vol, l’adultère ou la consommation d’alcool. L’émir Hibatullah Akhundzada avait d’ailleurs affirmé en août dernier que l’application de la loi islamique était “une responsabilité jusqu’à la mort”.

Des pratiques qui suscitent l’inquiétude de la communauté internationale

Ces zones d’ombre, jugées inquiétantes par les défenseurs des droits humains, avaient suscité une levée de boucliers de la communauté internationale qui ne reconnaît toujours pas le pouvoir taliban. L’ONU, de son côté, accuse les autorités d’avoir instauré un “appartheid de genre” dans ce pays de 45 millions d’habitants, l’un des plus pauvres du monde, confronté à une croissance anémique, un chômage massif et une grave crise humanitaire.

Face à ces critiques, les talibans restent inflexibles. Peu après le troisième anniversaire de leur prise de Kaboul, ils annonçaient une nouvelle loi de “propagation de la vertu et de la répression du vice” régissant tous les aspects de la vie sociale et privée des Afghans selon une interprétation ultra-rigoriste de la loi islamique. Un durcissement qui laisse présager un avenir sombre pour les droits et libertés dans le pays.

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