Alors que les États-Unis viennent d’élire leur 47ème président, c’est avec espoir que le gouvernement taliban en Afghanistan a accueilli la nouvelle de la victoire de Donald Trump. Selon une source proche du ministère afghan des Affaires étrangères, les autorités de Kaboul espèrent “des progrès tangibles dans les relations” et aspirent à “ouvrir un nouveau chapitre” avec Washington.
Un accord de paix historique signé sous Trump
Il faut dire que c’est sous le premier mandat du républicain Donald Trump qu’avait été signé en février 2020 l’accord de Doha au Qatar. Cet accord avait ouvert la voie au retrait des troupes américaines d’Afghanistan après 20 ans de présence militaire, et dans la foulée, au retour au pouvoir des talibans à Kaboul en août 2021, ironiquement sous la présidence du démocrate Joe Biden.
Malgré ce bouleversement géopolitique majeur, aucun pays n’a pour l’instant reconnu officiellement le nouveau régime taliban. Les États-Unis, comme la communauté internationale, restent très critiques vis-à-vis du bilan du mouvement islamiste en matière de droits humains, en particulier concernant la condition des femmes afghanes.
La question épineuse des droits des femmes
En effet, le retour au pouvoir des talibans a signifié la fin de deux décennies de progrès relatifs pour les Afghanes, qui avaient pu accéder à l’éducation, au travail et à une certaine liberté sous la République islamique soutenue par les Occidentaux entre 2001 et 2021. Aujourd’hui, l’ONU dénonce “un apartheid de genre” imposé par le gouvernement taliban.
Cette question des droits des femmes reste l’une des principales pierres d’achoppement dans les relations entre Kaboul et la communauté internationale. Un haut responsable taliban de Kandahar a d’ailleurs déclaré sur les réseaux sociaux que “les Américains ne sont pas prêts à confier la direction de leur grand pays à une femme”, en référence à la défaite de la démocrate Kamala Harris face à Donald Trump.
Les républicains critiquent le retrait d’Afghanistan
Du côté américain, les républicains n’ont eu de cesse de fustiger le retrait chaotique et sanglant d’Afghanistan mené sous l’administration Biden en août 2021. Donald Trump lui-même a utilisé cet argument de campagne contre son adversaire démocrate.
Beaucoup reprochent à Joe Biden d’avoir poursuivi le désengagement initié par son prédécesseur sans imposer de conditions aux talibans, notamment un cessez-le-feu avec le gouvernement en place à Kaboul, finalement renversé.
Quel avenir pour les relations USA-Afghanistan ?
La grande question est désormais de savoir quelle politique adoptera Donald Trump vis-à-vis de l’Afghanistan lors de son second mandat. Maintiendra-t-il la ligne dure exigeant des progrès en matière de droits humains avant toute reconnaissance diplomatique ? Ou privilégiera-t-il une approche plus pragmatique d’engagement avec les autorités en place, dans l’espoir d’obtenir des concessions par le dialogue ?
Une chose est sûre : pour les talibans, l’espoir d’une normalisation des relations avec la première puissance mondiale n’a jamais été aussi tangible depuis leur retour au pouvoir. Reste à savoir s’ils sauront saisir cette opportunité en répondant aux attentes de la communauté internationale. L’avenir de l’Afghanistan, et de ses habitants si durement éprouvés par des décennies de conflit, en dépend largement.