En cette année 2024 marquée par l’attribution du prix Nobel de la Paix à l’association japonaise des survivants de la bombe atomique, Nihon Hidankyo, un message fort résonne : la menace nucléaire brandiepar le président russe Vladimir Poutine doit cesser. Les lauréats, qui militent inlassablementcontre ces armes de destruction massive depuis près de 80 ans, exhortent la Russie à renoncer à l’utilisation de l’arme nucléaire dans le conflit ukrainien.
« Les armes nucléaires ne doivent jamais être utilisées »
Lors d’une conférence de presse à Oslo à la veille de la cérémonie de remise du Nobel, Terumi Tanaka, coprésident de Nihon Hidankyo et survivant du bombardement de Nagasaki, a déclaré avec force : « M. Poutine, nous voulons vous dire que les armes nucléaires ne doivent jamais être utilisées. C’est un acte qui irait contre l’humanité ». Un message d’autant plus poignant que l’association s’appuie sur les témoignages des « hibakusha », ces rescapés des bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki en août 1945.
Face aux menaces de plus en plus explicites du Kremlin, qui a récemment modifié par décret les possibilités de recourir à l’arme nucléaire, Terumi Tanaka s’inquiète : « Je pense que le président Poutine ne comprend pas vraiment ce que les armes nucléaires représentent pour les êtres humains, de quel type d’arme il s’agit ». Un constat alarmant alors que neuf pays détiennent aujourd’hui l’arme atomique et que les tensions géopolitiques ne cessent de croître.
L’appel des survivants à préserver le tabou nucléaire
Pour Jørgen Watne Frydnes, président du comité Nobel, le message des « hibakusha » est crucial : « Il est essentiel pour l’humanité de préserver le tabou nucléaire, de stigmatiser ces armes comme étant moralement inacceptables. Menacer de les utiliser est une manière de réduire le sens de ce tabou, et cela ne devrait pas être fait ». Un appel que Nihon Hidankyo porte inlassablement, près de 80 ans après les bombardements qui firent quelque 214.000 morts.
Malgré le traité historique sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) adopté en 2017 à l’ONU par 122 gouvernements, aucune puissance nucléaire ne l’a signé. Un constat amer pour Terumi Tanaka, qui exhorte les citoyens des États dotés de l’arme atomique à s’opposer à la résistance de leurs dirigeants. Car l’objectif des survivants est clair : « Nous voulons créer un monde débarrassé à la fois des armes nucléaires et des guerres ».
Une course à l’armement nucléaire qui s’intensifie
Alors que le temps passe et que les rangs des « hibakusha » s’amenuisent (ils seraient environ 106.800 aujourd’hui, avec une moyenne d’âge de 85 ans),la menace nucléaire, elle, ne faiblit pas. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les neuf puissances nucléaires mondiales modernisent leurs arsenaux dans un contexte de tensions géopolitiques accrues.
Des données alarmantes qui renforcent l’urgence du message porté par Nihon Hidankyo. Comme le souligne Terumi Tanaka, il est crucial que les États-Unis, qui ont « créé et utilisé cette arme contre l’humanité », montrent l’exemple en abolissant leur propre arsenal nucléaire. Un pas vers un monde libéré de l’ombre des champignons atomiques, pour que plus jamais Hiroshima et Nagasaki ne se reproduisent.