Alors que la croissance économique est au plus bas, les profits records des grandes entreprises soulèvent des questions. Le gouvernement envisage de taxer certains « surprofits », suscitant un vif débat. Décryptage d’un sujet brûlant.
Qu’est-ce qu’un surprofit ?
Lorsque la part des profits d’une entreprise dépasse durablement les 39-40% de la valeur ajoutée, on parle de surprofit ou de rente. Selon les économistes, ce niveau est néfaste pour l’emploi et la croissance :
- Il réduit l’incitation à créer des emplois
- Il affaiblit la demande globale
- Il freine les investissements
À l’inverse, une part des profits autour de 33% serait l’optimum pour stimuler durablement l’activité et l’emploi. Au-delà, le ruissellement ne fonctionne plus.
Taxation des surprofits : pour quoi faire ?
Taxer les surprofits permettrait de réorienter une partie de ces rentes vers l’investissement, notamment pour financer la transition écologique et numérique. Cela pourrait dynamiser l’économie et l’emploi.
Une part des profits supérieure à 39-40 % dans la durée constitue une rente, qui pourrait être imposée
Alain Villemeur, économiste
Mais définir précisément ce qu’est un surprofit s’avère complexe. Et leur taxation fait débat, certains y voyant un risque pour l’attractivité économique du pays.
Quelles entreprises concernées ?
Les entreprises du CAC40 sont particulièrement visées, ayant engrangé des profits records ces dernières années, à l’image des géants de l’énergie en 2023. Mais d’autres secteurs pourraient être concernés :
- Les entreprises du numérique, dont les “rentes” sont confortées par les effets de réseaux
- L’immobilier, autre domaine générateur de rentes
Le débat ne fait que commencer. Le gouvernement attend les propositions du groupe de travail parlementaire d’ici juin pour préciser ses intentions. La taxation des surprofits sera assurément au cœur des prochaines discussions budgétaires.
Quel impact pour l’économie ?
Si elle est bien calibrée et fléchée, une telle taxation pourrait doper les investissements stratégiques et soutenir une croissance durable. Mais il faudra trouver le bon équilibre pour ne pas pénaliser l’attractivité du pays et préserver l’emploi.
Un dosage subtil pour relancer l’économie sans casser la dynamique entrepreneuriale. Le défi est de taille pour le gouvernement, qui joue gros sur ce dossier explosif. Affaire à suivre…