En Roumanie, les élections législatives de dimanche ont livré leur verdict : si les sociaux-démocrates semblent en passe de l’emporter, c’est la percée retentissante des nationalistes qui retient toutes les attentions. Un séisme politique qui promet des lendemains incertains pour le pays…
Une victoire en demi-teinte pour les sociaux-démocrates
D’après les premiers sondages réalisés à la sortie des urnes, le Parti Social-Démocrate (PSD) arriverait en tête du scrutin avec environ 30% des voix. Une performance qui permettrait aux sociaux-démocrates de décrocher une majorité relative des sièges à la Chambre des députés.
Toutefois, cette victoire apparente est assombrie par la montée en puissance inattendue des forces nationalistes et europhobes, qui totaliseraient pas moins de 25% des suffrages. Un score historique qui bouscule l’échiquier politique roumain.
Le spectre d’un parlement ingouvernable
Si ces résultats se confirment, la future assemblée s’annonce plus morcelée que jamais. Outre les sociaux-démocrates et l’extrême droite, pas moins de 5 autres formations politiques pourraient franchir le seuil des 5% et obtenir une représentation parlementaire.
Un éparpillement qui rendra ardue la constitution d’une majorité stable, d’autant que les partis nationalistes, eurosceptiques et prorusses, forts de leur percée, s’annoncent comme des partenaires peu fréquentables pour les formations traditionnelles, rapportent des analystes politiques roumains.
« Nous sommes face à un Parlement extraordinairement fragmenté qui pose de nombreux risques et laisse augurer de difficiles négociations pour former un gouvernement »
Cristian Pirvulescu, politologue
Une recomposition périlleuse pour la stabilité du pays
Dans ce contexte, la formation d’un exécutif s’annonce des plus compliquées. Le premier ministre social-démocrate sortant Marcel Ciolacu aura fort à faire pour rassembler une coalition, au risque de devoir se tourner vers des alliés de circonstance.
L’hypothèse d’un gouvernement minoritaire, contraint de chercher des appuis au coup par coup, n’est pas à exclure. Un scénario peu réjouissant pour la Roumanie, alors que le pays affronte une importante crise économique et sociale.
Le réveil des vieux démons nationalistes
Au-delà des conséquences sur la gouvernabilité du pays, l’irruption des forces nationalistes au parlement soulève de vives inquiétudes. Avec des discours extrémistes, anti-européens et favorables à la Russie, ces formations menacent l’ancrage occidental de la Roumanie.
Une dynamique préoccupante, alors que le pays partage une importante frontière avec l’Ukraine et joue un rôle clé dans la sécurité régionale. La montée des europhobes pourrait fragiliser les efforts de Bucarest pour intégrer l’espace Schengen et adopter l’euro.
« Les Roumains ont lancé un important signal à la classe politique : poursuivre sur la voie européenne mais aussi protéger notre identité et nos valeurs nationales »
Marcel Ciolacu, Premier ministre sortant
Et maintenant ?
Tous les regards sont désormais tournés vers le président Klaus Iohannis, qui devra désigner un nouveau Premier ministre chargé de former un gouvernement. Un exercice périlleux qui nécessitera de subtiles tractations entre les différentes forces politiques.
En parallèle, les résultats définitifs du scrutin, attendus dans les prochains jours, permettront d’y voir plus clair sur les nouveaux équilibres au sein du parlement. Une assemblée qui s’annonce, quoi qu’il en soit, plus polarisée et instable que jamais.
Pour la Roumanie, l’heure est à l’incertitude. Entre poussée nationaliste et morcellement politique, le pays amorce une nouvelle ère aux contours flous. Une période trouble qui interroge la solidité de la démocratie roumaine, trente ans après la chute du communisme…