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Les signaux de détresse ignorés avant la mort tragique d’Amandine

Retour sur l'histoire bouleversante d'Amandine, 13 ans, victime de maltraitances répétées pendant des années malgré les alertes émises par son entourage. Une succession de défaillances qui interroge sur le système de protection de l'enfance...

C’est une histoire poignante qui soulève de nombreuses questions. Celle d’Amandine, une adolescente de 13 ans, morte dans l’indifférence générale après des années de maltraitances répétées. Un drame qui met en lumière les failles criantes du système de protection de l’enfance en France.

Un « bleu à l’œil » qui aurait dû alerter

Tout commence en novembre 2018, lorsque la direction du collège où Amandine est scolarisée remarque un hématome sous son œil. Interrogée, l’adolescente explique s’être cognée en voiture avec son beau-père. Un incident anodin en apparence, mais qui aurait dû sonner comme un signal d’alarme.

Car ce n’était pas la première fois qu’Amandine présentait des traces de coups. Depuis son plus jeune âge, elle subissait les violences physiques et psychologiques de sa mère, une femme décrite comme « manipulatrice » et « perverse narcissique » lors de son procès. Un engrenage infernal dont personne n’a su ou voulu extraire Amandine.

Des alertes répétées mais ignorées

Pourtant, les signaux de détresse étaient là, nombreux et répétés. Dès la maternelle, les enseignants d’Amandine s’inquiètent de ses absences à répétition, de son comportement renfermé, de ses difficultés relationnelles. Des inquiétudes relayées aux services sociaux à de multiples reprises, mais jamais vraiment prises en compte.

À chaque fois, on nous répondait qu’il n’y avait pas assez d’éléments pour intervenir, qu’on ne pouvait pas s’immiscer dans la vie privée des familles comme ça.

Une assistante sociale proche du dossier

Un constat amer partagé par de nombreux professionnels ayant côtoyé Amandine. Car tous s’accordent à dire que quelque chose clochait, que cette petite fille n’était pas épanouie, qu’elle semblait porter un fardeau trop lourd pour son jeune âge. Mais face à une mère qui niait en bloc et un beau-père aux airs de gendre idéal, difficile de creuser plus loin.

Un système de protection grippé

Car c’est bien là que le bât blesse. Notre système de protection de l’enfance, censé prévenir ce genre de drames, a failli. Les mailles du filet étaient trop lâches, les procédures trop longues, les moyens trop limités. Résultat : malgré une vie de calvaire, Amandine n’a jamais été véritablement prise en charge ou mise à l’abri.

C’est toujours délicat d’intervenir sur les parents, surtout quand ils ont l’air insérés socialement. On a peur de se tromper, de faire plus de mal que de bien.

Un éducateur spécialisé

Une frilosité coupable, qui conduit trop souvent à fermer les yeux sur des situations pourtant préoccupantes. Car s’il est vrai que le placement n’est pas une solution miracle, maintenir à tout prix des enfants dans des familles toxiques est tout aussi dommageable.

La mort atroce d’une adolescente « invisible »

On connaît la suite. En août 2020, Amandine meurt dans des circonstances effroyables. Enfermée dans sa chambre pendant des jours, privée de nourriture, battue, torturée. Son corps décharné témoigne de l’horreur vécue par cette adolescente devenue fantôme aux yeux de la société. Une mort qui aurait pu, qui aurait dû, être évitée.

Lors du procès qui s’ouvre cette semaine, la mère d’Amandine comparaît pour « actes de torture et barbarie » et « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Des qualifications qui ne rendent qu’imparfaitement compte du calvaire subi par la jeune fille durant toute son existence.

Un procès pour que plus jamais ça

Au-delà de l’horreur des faits, ce procès est aussi celui de notre système de protection de l’enfance et de ses défaillances. Celui d’une société qui peine encore à considérer la parole des enfants, à déceler les signes de maltraitance, à agir avant qu’il ne soit trop tard.

Il faut que la mort atroce d’Amandine serve d’électrochoc. Que son calvaire éclaire les consciences et oblige à repenser en profondeur nos mécanismes de prévention et de prise en charge des enfants en danger. Car combien d’autres Amandine souffrent en silence à cet instant ? Combien attendent désespérément qu’on entende enfin leurs appels à l’aide ?

C’est tout l’enjeu de ce procès hors-norme. Rendre justice à Amandine, bien sûr. Mais aussi pointer les failles pour qu’enfin, les choses changent. Pour qu’aucun autre enfant ne connaisse le même sort que cette adolescente « sacrifiée » sur l’autel de l’inertie collective. Un combat de longue haleine, qui nous concerne tous. En mémoire d’Amandine, et de tous ceux qu’on n’a pas su sauver.

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