Perché sur son île rocheuse face à Marseille, le château d’If fascine et intrigue. Propulsé au rang de lieu mythique par Alexandre Dumas dans son roman “Le Comte de Monte-Cristo”, il attire chaque année de nombreux visiteurs sur les traces du célèbre prisonnier Edmond Dantès. Mais saviez-vous que cette forteresse du XVIe siècle renferme bien d’autres histoires surprenantes ?
Une parenté inattendue avec Notre-Dame de la Garde
En 1524, le roi François Ier ordonne la construction simultanée de deux édifices pour défendre Marseille : un fort sur l’îlot d’If et un autre au sommet de la colline de La Garde. Si la basilique actuelle n’a plus grand chose à voir avec le bâtiment d’origine, un lien de parenté demeure entre ces deux sentinelles de la cité phocéenne, érigées à la même époque pour parer aux attaques ennemies. Lors de votre visite au château d’If, pensez à lever les yeux vers “la Bonne Mère” qui veille sur Marseille !
Quand un rhinocéros faisait escale sur l’île
En 1516, un hôte très particulier foule le sol du château d’If : un rhinocéros d’Asie ! Ce spécimen, offert par un sultan indien au roi du Portugal, fait étape sur l’île avant de poursuivre son voyage vers Rome, où il doit être remis au pape Léon X. Lors d’une visite à Marseille cette année-là, François Ier a même l’occasion d’admirer la bête, ce qui lui donne l’idée de fortifier le site. Malheureusement, le navire transportant le rhinocéros vers l’Italie fait naufrage. Son cadavre empaillé aurait tout de même rejoint les collections pontificales.
La sépulture temporaire du Général Kléber
Assassiné au Caire en 1800, le général Kléber, compagnon de Napoléon lors de la campagne d’Égypte, va reposer pendant 18 ans au château d’If. Son cercueil de plomb y est envoyé sur ordre de Bonaparte, inquiet qu’un culte républicain ne se développe autour de la tombe de ce héros. En 1818, la dépouille est finalement transférée sous le dôme des Invalides à Paris.
Un livre de pierre écrit par les prisonniers
Prisonniers politiques, soldats, détenus de droit commun… Pendant quatre siècles, le château d’If accueille une population carcérale variée qui grave dans la pierre le souvenir de sa captivité. Dates, initiales, maximes, prières, bateaux… Ces graffitis forment un témoignage unique. Les plus nombreux sont ceux des émeutiers républicains emprisonnés après les révoltes de 1848. Equipés d’outils fournis par les gardiens, ils laissent libre cours à leur créativité. De nos jours, un mur et un livre d’or permettent aux visiteurs de perpétuer cette tradition.
Sur les traces d’Edmond Dantès
Dantès se leva, jeta naturellement les yeux sur le point où paraissait se diriger le bateau et à cent toises devant lui il vit s’élever la roche noire et ardue sur laquelle monte comme une superfétation du silex le sombre château d’If.
– Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo
En 1844, Alexandre Dumas publie son roman-feuilleton qui fait du château d’If un haut lieu de la littérature. L’écrivain, engagé dans une réflexion sur le système carcéral, s’était rendu dix ans plus tôt dans cette prison où furent détenus des prisonniers illustres comme Mirabeau. Fasciné par les lieux, il imagine l’histoire d’Edmond Dantès, marin marseillais injustement emprisonné pendant 14 ans avant de s’évader pour accomplir sa vengeance. Après la parution du livre, un véritable culte se met en place. Les gardiens creusent même un tunnel entre les cellules attribuées aux personnages ! Chaque année, le Défi de Monte-Cristo attire des milliers de nageurs partants pour 5 km à la nage entre le château et les plages du Prado.
En plongeant dans les secrets du château d’If, on découvre un monument riche d’une histoire foisonnante, bien au-delà du romanesque destin du Comte de Monte-Cristo. Une visite incontournable pour les amoureux de Marseille, de la mer et des récits extraordinaires !
