Les sécheresses records qui frappent la planète sont en passe de devenir la nouvelle norme, prévient l’Organisation des Nations Unies (ONU). Face à cette réalité alarmante, l’organisation appelle les dirigeants mondiaux à revoir en profondeur leur approche de gestion de ce fléau aux multiples répercussions.
Un atlas mondial des sécheresses qui fait froid dans le dos
À l’occasion de l’ouverture du sommet de l’ONU sur la désertification, la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) a dévoilé un atlas mondial des sécheresses. Élaboré en partenariat avec le centre de recherche scientifique de la Commission européenne (JRC), ce document dresse un constat sans appel.
Chaque année, 55 millions de personnes sont directement touchées par les sécheresses. Ces phénomènes comptent parmi les catastrophes naturelles les plus coûteuses et meurtrières à l’échelle planétaire. Pourtant, leur impact réel est souvent sous-estimé car moins spectaculaire et immédiat que celui d’autres désastres comme les inondations ou les séismes.
Des effets dominos dévastateurs
Loin de se cantonner à un secteur spécifique, les sécheresses ont des répercussions en cascade sur de nombreux domaines. Agriculture, approvisionnement en énergie, commerce, navigation : aucun n’est épargné. Sans oublier la menace directe qui pèse sur la santé des écosystèmes et des populations.
Selon les données de l’atlas, 1,84 milliard de personnes ont subi les effets indirects des sécheresses en 2022 et 2023. Une écrasante majorité d’entre elles (85%) vit dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, soulignant la vulnérabilité accrue de ces régions face aux aléas climatiques.
Un avenir de plus en plus aride
Les projections pour les décennies à venir sont encore plus sombres. D’ici 2050, ce sont 3 personnes sur 4 dans le monde qui seront impactées par les sécheresses, alerte l’atlas. En cause : le réchauffement climatique, alimenté principalement par la combustion effrénée d’énergies fossiles.
Face à ce constat alarmant, l’ONU exhorte les décideurs politiques et économiques à un changement radical de paradigme. Il est urgent de repenser en profondeur les modes de gestion et de prévention des risques liés aux sécheresses.
Un appel à l’action
Dans une déclaration déterminée, Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la CNULCD, enjoint toutes les nations à « prendre au sérieux » les conclusions de l’atlas. Un message fort adressé aux 196 pays et à l’Union européenne qui participent à la COP16 sur la désertification, qui se tient à Riyad du 2 au 13 décembre.
Il est temps de se réveiller et d’agir. Les sécheresses ne sont plus des épisodes isolés mais une tendance lourde qui s’installe durablement. Nous devons adapter nos modes de vie, nos systèmes de production et notre rapport à l’eau en conséquence. C’est un défi colossal mais vital pour notre avenir commun sur cette planète.
– Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la CNULCD
L’année 2024, qui s’annonce comme la plus chaude jamais enregistrée, a déjà été marquée par une série de sécheresses dévastatrices. De la Méditerranée à l’Équateur en passant par le Brésil, le Maroc, la Namibie et le Malawi, aucune région du globe n’est épargnée. Incendies, pénuries d’eau et de nourriture se multiplient, mettant en péril la sécurité et la stabilité de millions de personnes.
Une transition incontournable
Pour espérer inverser la tendance, une transition rapide et à grande échelle s’impose. Cela passe par :
- Une gestion plus durable et efficiente des ressources en eau
- L’adoption de pratiques agricoles adaptées aux conditions climatiques changeantes
- Des efforts massifs pour préserver et restaurer les écosystèmes fragilisés
- Une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre
- Des systèmes d’alerte et de réponse renforcés pour faire face aux crises
Autant de chantiers titanesques qui nécessiteront une mobilisation sans précédent de la communauté internationale. Le temps presse, comme le rappelle avec force cet atlas des sécheresses qui sonne comme un véritable cri d’alarme. Il en va de notre capacité à assurer un avenir vivable aux générations futures sur une planète de plus en plus assoiffée.
