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Les retraités ont-ils réellement un niveau de vie supérieur aux actifs ?

Les retraités français vivent-ils vraiment mieux que les actifs ? Une étude récente remet en question cette idée reçue en analysant en détail les niveaux de vie, le patrimoine et les pensions. Les résultats vont vous surprendre...

Alors que le débat sur la réforme des retraites fait rage en France, une question revient sans cesse : les retraités ont-ils réellement un meilleur niveau de vie que les actifs ? Si l’on en croit certaines idées reçues, nos aînés profiteraient d’un niveau de vie supérieur grâce à leurs pensions et leur patrimoine accumulé. Mais qu’en est-il vraiment ? Plongeons dans les chiffres pour y voir plus clair.

Des niveaux de vie proches entre retraités et actifs

Selon les dernières données du Conseil d’Orientation des Retraites (COR), en 2021, le niveau de vie relatif des retraités était de 98,7% par rapport à celui de l’ensemble de la population. Autrement dit, retraités et actifs ont des niveaux de vie quasiment équivalents en moyenne. Loin des clichés donc !

Comment expliquer ce résultat ? D’abord, il faut savoir que le niveau de vie prend en compte l’ensemble des revenus (pensions, revenus du patrimoine, etc.) mais aussi la composition du ménage. Or, les retraités vivent plus souvent seuls ou à deux, ce qui réduit mécaniquement leur niveau de vie par rapport à des familles avec enfants à charge.

Un écart de niveau de vie qui se réduit

Autre enseignement intéressant de l’étude du COR : l’écart de niveau de vie entre retraités et actifs n’a cessé de se réduire ces dernières années. En 2010, le niveau de vie relatif des retraités était encore de 102,8%. Cette convergence s’explique notamment par les réformes successives des retraites (allongement de la durée de cotisation, indexation des pensions, etc.) qui ont freiné la progression des pensions.

Le patrimoine, un facteur clé pour les retraités

Si les niveaux de vie sont proches en moyenne, des disparités existent bien sûr selon les situations. Et c’est là que le patrimoine joue un rôle clé pour les retraités. En effet, 83% des ménages retraités sont propriétaires de leur logement, contre seulement 59% des actifs selon l’Insee. Ne plus avoir de loyer ou de crédit immobilier à rembourser procure un avantage certain en termes de pouvoir d’achat.

De plus, les retraités ont eu toute leur vie active pour se constituer un patrimoine financier (épargne, placements, etc.). Des revenus complémentaires bienvenus pour arrondir les fins de mois, surtout pour les petites pensions. Mais là encore, les situations sont très hétérogènes selon les parcours de vie de chacun.

Des pensions très variables selon les profils

Justement, parlons des pensions de retraite. Contrairement aux idées reçues, leur montant est loin d’être uniforme. Selon la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse, la pension moyenne des retraités du régime général est de 1 393 € bruts par mois. Mais ce chiffre cache de grandes disparités :

  • Les femmes touchent en moyenne 1 154 € contre 1 739 € pour les hommes, en raison de carrières souvent hachées et moins bien rémunérées
  • Les cadres supérieurs perçoivent 2 566 € en moyenne, presque 3 fois plus que les anciens employés (874 €)
  • Les retraités unipensionnés (carrière complète dans le privé) ont une pension moyenne de 1 121 €, loin des 2 257 € des polypensionnés

La question du financement des retraites

Au-delà des montants des pensions, c’est bien la question du financement des retraites qui cristallise les tensions. Avec le vieillissement de la population, le système par répartition montre ses limites. Le ratio actifs/retraités ne cesse de se dégrader : on est passé de 4 actifs pour 1 retraité en 1980 à seulement 1,7 aujourd’hui. Une situation difficilement soutenable à long terme.

Pour équilibrer les comptes, plusieurs pistes sont sur la table : allongement de la durée de cotisation, report de l’âge légal de départ, hausse des cotisations, baisse des pensions, etc. Autant de sujets explosifs socialement, comme l’a montré la mobilisation contre la réforme des retraites en 2023. Mais le statu quo semble difficile à tenir.

Vers une solidarité accrue entre générations ?

Face à ce constat, certains évoquent la piste d’une solidarité renforcée entre actifs et retraités. C’est le sens de la proposition de la ministre du Travail d’étudier une contribution spécifique des retraités les plus aisés. Une idée qui fait débat, beaucoup y voyant une remise en cause du principe d’universalité des retraites.

Une autre option serait de favoriser les solidarités familiales entre générations. Même si le sujet reste tabou, les donations et héritages jouent déjà un rôle important dans la redistribution du patrimoine des aînés vers leurs enfants et petits-enfants. Un phénomène qui pourrait s’accentuer à l’avenir, avec des conséquences à surveiller en termes d’inégalités.

En définitive, la question du niveau de vie des retraités par rapport aux actifs est plus complexe qu’il n’y paraît. Si un écart existe, il tend à se réduire et masque de grandes disparités selon les parcours de vie. Plus que l’opposition entre générations, c’est bien la réflexion sur un nouveau pacte social qui semble à l’ordre du jour pour préserver notre modèle de retraite. Un sacré défi pour les années à venir !

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