Dans un contexte de profonds changements en Syrie, une visite diplomatique de haute importance s’est déroulée ce lundi à Abou Dhabi. Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, accompagné de hauts responsables du nouveau gouvernement syrien, s’est rendu aux Émirats arabes unis pour des entretiens cruciaux visant à renforcer les relations bilatérales entre les deux pays.
Un nouveau chapitre dans les relations syro-émiraties
Cette visite, la première du genre depuis le renversement de l’ancien président Bachar al-Assad en décembre dernier, marque un tournant dans les relations entre Damas et Abou Dhabi. Sous le régime Assad, la Syrie entretenait de bonnes relations avec les Émirats. Aujourd’hui, dans un contexte post-Assad, les nouveaux dirigeants syriens cherchent à renouer et à approfondir ces liens.
Lors de leurs échanges, Abdallah ben Zayed Al-Nahyane, ministre des Affaires étrangères des Émirats, et son homologue syrien ont exploré les voies pour « renforcer les fortes relations fraternelles entre les deux pays », selon l’agence de presse officielle émiratie Wam. Les Émirats ont réaffirmé leur soutien indéfectible à « l’indépendance et la souveraineté de la Syrie sur la totalité de son territoire ».
Des relations « constructives » au service des intérêts mutuels
De son côté, Assaad al-Chaibani a exprimé sur les réseaux sociaux son aspiration à bâtir, au cours de cette visite, « des relations bilatérales constructives qui servent l’intérêt des deux pays ». Cette tournée, qui l’a déjà mené en Arabie saoudite et au Qatar et le conduira prochainement en Jordanie, s’inscrit dans une volonté affichée de la nouvelle équipe au pouvoir à Damas de resserrer les liens avec les pays du Golfe.
Un soutien crucial pour la reconstruction post-conflit
Au-delà du symbole politique fort, ces rapprochements revêtent une dimension très concrète pour la Syrie. Après plus de dix ans d’une guerre dévastatrice, les nouveaux dirigeants syriens sont en quête de soutiens pour relever l’immense défi de la reconstruction. Les pays du Golfe, par leur puissance financière et leurs investissements, pourraient jouer un rôle clé dans ce processus.
Les Émirats, entre ouverture et vigilance
Si les Émirats avaient œuvré dès 2023 pour la réintégration du régime Assad dans le giron arabe, ils observent aujourd’hui avec une certaine circonspection les nouvelles autorités installées à Damas. Selon des analystes, Abou Dhabi redoute notamment une influence excessive de la Turquie, principal allié du nouveau pouvoir syrien. Les Émirats, fidèles à leur ligne de tolérance zéro envers l’islam politique, restent vigilants face à un exécutif syrien issu d’une coalition menée par Hayat Tahrir al-Sham, un groupe islamiste radical.
Une diplomatie active pour façonner l’avenir de la Syrie
Malgré ces défis et ces équilibres délicats, la visite du chef de la diplomatie syrienne aux Émirats témoigne d’une volonté partagée d’écrire une nouvelle page dans les relations bilatérales. Pour Damas, c’est l’occasion de renouer avec la communauté internationale et de poser les jalons d’un soutien indispensable à la stabilisation et à la reconstruction du pays. Pour Abou Dhabi, c’est l’opportunité d’affirmer son rôle d’acteur incontournable dans le jeu diplomatique régional et de contribuer à façonner l’avenir d’une Syrie tournant la page d’une décennie de conflit.
Une chose est sûre: dans le paysage géopolitique mouvant du Moyen-Orient, la trajectoire post-Assad de la Syrie et l’évolution de ses liens avec les puissances de la région seront suivies avec la plus grande attention par la communauté internationale. La visite du ministre syrien des Affaires étrangères aux Émirats n’est qu’une étape, mais elle pourrait bien marquer un tournant dans le long et complexe processus de reconstruction et de réintégration de la Syrie dans le concert des nations.