Envoyés en Nouvelle-Calédonie pour renouer le dialogue suite à une période de tensions politiques et insurrectionnelles qui ont meurtri le territoire, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat français ont ouvert une nouvelle voie pour reconstruire un avenir commun en paix : celle d’une « souveraineté partagée » au sein de la France.
La Nouvelle-Calédonie à la Croisée des Chemins
Territoire français du Pacifique Sud à 17 000 kilomètres de Paris, la Nouvelle-Calédonie a traversé six mois de tensions qui ont coûté la vie à 13 personnes et provoqué des milliards d’euros de dégâts. Cet épisode tragique a coïncidé avec l’examen à l’Assemblée d’un projet controversé de réforme constitutionnelle, désormais abandonné, auquel les indépendantistes kanak s’opposaient farouchement. La Nouvelle-Calédonie est aujourd’hui à la croisée des chemins, tiraillée entre son attachement à la France et une volonté d’émancipation et de reconnaissance de l’identité kanak.
Écouter pour Construire une Solution Innovante
Face à cette situation, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et son homologue du Sénat Gérard Larcher, dépêchés sur place par le gouvernement, ont adopté une approche d’écoute et de dialogue. Pendant trois jours, ils sont allés au plus près de la population, rencontrant des chefs d’entreprise dans les décombres d’un centre commercial incendié durant les émeutes et se rendant dans des quartiers populaires encore sous tension.
Dites-nous ce que vous vivez, afin que nous soyons lucides sur votre situation.
– Gérard Larcher, président du Sénat
Leur message est clair : il faut construire une solution innovante, sans s’enfermer dans des idéologies. Une solution qui pourrait prendre la forme d’une « souveraineté partagée » au sein de la France, si les Calédoniens le souhaitent. Un concept novateur qui permettrait de concilier les aspirations à l’émancipation et les liens forts avec la République française.
Conjuguer les Valeurs Kanak et les Valeurs Républicaines
Pour les présidents des assemblées, il n’y a pas d’opposition entre les valeurs kanak et les valeurs républicaines. Elles peuvent et doivent se conjuguer dans une « construction imaginative et originale » au sein de la République. Un appel à dépasser les clivages et à imaginer un destin commun où chacun trouverait sa place.
En vertu de quelle absurde vision de l’Histoire ne pourriez-vous pas faire vivre à la fois les valeurs kanak et les valeurs républicaines, en les conjuguant ?
– Gérard Larcher, président du Sénat
Reconstruire la Paix Perdue
Au-delà des concepts politiques, c’est le regret de la paix perdue qui s’est exprimé dans toutes les prises de parole des Calédoniens rencontrés. Comme ce trentenaire qui a toujours connu la paix et pour qui tout a basculé le 13 mai. Ou cet habitant d’un quartier populaire qui raconte compter les paquets de riz qui restent pour finir le mois. Pour tous, c’est une vie qui ne tourne plus rond, des angoisses du quotidien exacerbées par les tensions.
Vous n’êtes pas abandonnés.
– Gérard Larcher, président du Sénat
Face à ce constat, les présidents des assemblées ont tenu à rassurer : les Calédoniens ne sont pas abandonnés. La France est là, à l’écoute, prête à les accompagner vers un nouvel avenir. Un avenir à inventer ensemble, dans le respect des identités et l’attachement à une citoyenneté partagée.
La balle est désormais dans le camp des Calédoniens. Sauront-ils saisir cette main tendue pour construire une « souveraineté partagée » garante d’une paix durable ? Un défi immense et passionnant pour ce territoire français du bout du monde, riche de sa double culture océanienne et républicaine. L’Histoire retiendra-t-elle que c’est en Nouvelle-Calédonie que s’est inventé un nouveau modèle de vivre-ensemble dans la France du XXIe siècle ? Les prochains mois seront décisifs.